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 we ride together, we die together

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Silas Wharol

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Silas Wharol
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MessageSujet: we ride together, we die together   we ride together, we die together EmptySam 25 Jan - 19:13




 
 
 

Le con assit sur ce banc, c'est moi. Avachi comme un mal-propre, les jambes écartées. J'en ai rien à foutre de toutes ces grands-mères qui passent et lancent des coup d'oeil effarés d'horreur. Je ne leur accorde même pas un regard, ni l'once d'un moindre intérêt. Rien. Au moins, en prenant toute la place, personne viendra me faire chier. Ce n'est même pas que mon cul comble la surface de ce foutu banc, finalement, qui empêche quiconque de m'approcher. Je dois faire peur à voir en réalité. Putain, de quoi j'ai l'air, là, maintenant. On croirait un serial-killer qui prépare son prochain meurtre avec préméditation. Ouais, c'est exactement ça. Mais où est la crédibilité dans tout ça ? La cible, je la surveille, la suit depuis des semaines sans aucune discrétion. Ce serait tellement plus simple si je pouvais l'écraser maintenant, la faire disparaître de la surface de la terre. Ou qu'il n'ait jamais existé, simplement, que je ne l'ai jamais rencontré. J'aspire férocement une latte sur ma cigarette, puis une deuxième, avant même d'avoir repris ma respiration. Je recrache tout l'air putride du goudron et regarde le nuage de fumée se dissiper dans l'air. Malgré moi, les doigts de ma main libre se crispent en un poing ferme, inconsciemment désireux de frapper. Quelque chose ou quelqu'un, je m'en fous, n'importe quoi me soulagera. Je ferme les yeux, profitant simplement de m'évader un instant. Je fume de plus en plus, et de moins en moins de nicotine. La weed m'aide à ne plus penser, ou à agir avant de penser. Je ne sais plus. Elle fait déjà effet, et je me sens partir légèrement. Ce moment pourrait être encore plus parfait, avec du jazz dans les oreilles. Mais je n'ai rien dans les poches, à part mes clés, mon briquet, mes feuilles et quelques conneries. Quand je rouvre les yeux, il fait déjà presque nuit. Je me lève et shoote brutalement dans le ballon de trois gosses qui jouent sur le trottoir. Ils geignent, ruminent et gueulent. Je souris, toutes dents sorties, et m'éloigne dans un pas de danse fier et mesquin. Ma face déglutit quand j'arrive devant la bibliothèque. Il est là, bien sagement à sa place. J'aperçois alors mon visage, dans le reflet que renvoie la vitre. Pathétique, livide. Je n'ai qu'une envie, fourrer mon poing sur ce morceau de verre et le briser jusqu'à plus souffle. Mais au lieu de ça, quelque chose m'assène un coup dans la poitrine, et mon coeur claque, résonne contre la cage. D'un coup d'oeil, mon visage disparait et il n'y a plus que lui. Ruben me regarde et me sourit. Il n'est pas vrai, bordel. Il est faux, lui et son sourire. Ma respiration s'accélère avant de ne devenir qu'un fouillis, et sans que je ne puisse faire quoique ce soit, mes traits restent de marbre, gravés dans le temps. Comme lors d'un mauvais rêve, quand on perd la capacité de marcher, ou que l'on se noie. Il n'y a rien à faire, la terre nous aspire, la surface est trop loin. On se bat pour rien.

Je ne lui ai pas rendu son sourire. Je suis parti après un long regard, un silence dégueulant de remords et d'insultes. Les mains dans les poches et les yeux levés au ciel, j'attends patiemment ma belle. Quand elle sort enfin de la pâtisserie, je me rue sur elle et la plaque contre un mur de pierres, retenant d'une main son visage, de l'autre ses reins. Mes lèvres dévorent et embrassent les siennes comme s'il n'y avait qu'elle qui comptait, comme si je devais me justifier, me persuader. Me convaincre, que ces mois de relation en valent la peine. Quand je me dégage enfin, je la regarde, découvre ses traits parfaits comme si je les voyais pour la première fois. Elle est belle, sous l'éclat de la lune. Chaque battement de ses cils cicatrise les plaies déformées qui me rongent. Chaque sourire qu'elle émet cesse les saignements, les hurlements tambourinant. Elle est tout ce qu'un homme peut rêver. Alors pourquoi, pourquoi je n'arrive pas à l'aimer. Pour une fois que je m'efforce, que je me creuse le coeur, je ne fait rien d'autre que m'époumoner. C'est quoi l'amour putain, le vrai ? C'est tout ce que je demande, l'aimer. Je veux aimer, je veux oublier. Mais j'étouffe, dans une spirale qui n'en finit pas. Elle fait des ravages, brûle au vent des monceaux de chair et de peau. Depuis longtemps je n'avais plus besoin d'elle, maintenant je me réfugie de nouveau dans ses bras. Depuis combien de temps, je sais pas, je sais plus. Mais les coïncidences n'existent pas. Elle est revenue vers moi quand lui, il s'est éloigné. Au fond, c'était ce que je voulais. Je voulais qu'il me foute la paix, que plus jamais il ne m'éloigne de ce que je suis. J'ai repoussé la seule personne qui pouvait guérir la maladie qui me bouffe, me tue à petit feu. J'ai dégagé la seule personne qui comptait à mes yeux. Je ne vais plus l'attendre quand il finit ses journées de boulot. Je ne rentre plus en ninja dans son appartement en pleine nuit. Je ne m'amuse plus à lui courir après. Je ne fais plus tout ça. Et pour quoi ? Pour paraître mur, fort, indépendant. Et il gobe tout ça. Il croit que je n'ai plus besoin de lui, que je suis épris. Mais Harysta n'est là que pour me rassurer. Nous sommes arrivés devant la résidence et j'aperçois Ruben qui n'est pas très loin. Il rentre chez lui aussi. J'attrape la main d'Harysta que je serre dans la mienne et entre pour ne pas avoir à le saluer. Je me demande même quand était la dernière fois que l'on s'est parlés, lui et moi. Je ne m'en rappelle pas. Je verrouille la porte de l'appartement derrière nous quand j'entends ses pas monter les escaliers. Un soupir m'échappe, et je reste un peu perdu sur la poignée. « Je vais prendre une douche, et j'arrive avec les plateaux télé. Mets toi à l'aise. » Je caresse ses hanches et l'embrasse dans la nuque un moment. Je la désire plus en cet instant que n'importe quel autre. Chose plutôt rarissime, étant donné que j'ai toujours jeté les femmes après les avoir usagées. Elle, c'est différent. Je ne me suis pas encore lassé de sa peau, son odeur, ses courbes et sa saveur. Quand mes mains se mettent à trembler, je la lâche subitement et lui sourit avant de filer dans la salle de bain. Ma tête cogne contre la porte, ma main frotte mon visage, et sans plus attendre j'allume tous les robinets pour masquer tout bruit. J'attrape le sachet d'amphèt, caché dans un pot de crème vide et étale un tas poudreux et jaunâtre sur la cuvette des chiottes. J'inspire profondément, et me bouche une narine avant de sniffer, jusqu'à ce qu'il n'en reste aucune miette. Je me laisse tomber sur le cul, et fixe le plafond un moment, la bouche entrouverte et la rétine illuminée, comme un vrai camé. La douche et la drogue vont m'aider à m'éveiller, et encore une fois on passera une agréable soirée, pour recommencer encore et encore, sans qu'il n'y ait de sens à tout ça. Sortant de la douche, je passe une main dans mes boucles humides et frotte énergiquement tout en enfilant un calbut et un jogging de mon autre main. J'attrape un tee-shirt à la volée et rejoint Harysta dans la pièce à vivre. En deux temps trois mouvements, j'enfile le tee-shirt et remplit deux plateaux de bouffe réchauffée que j'amène devant la télé, sur la table basse. Je m'étale à ses côtés sur le canapé, et je laisse tranquillement la drogue couler dans mes neurones à sang. Je ne pense presque à rien, là, juste en la regardant, si ce n'est qu'une fille comme elle, mérite tellement mieux qu'un mec comme moi. « Melody, est-ce que t'es heureuse, avec moi ? »


Dernière édition par Silas Wharol le Lun 3 Mar - 20:29, édité 1 fois
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M. Harysta Mendler

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MessageSujet: Re: we ride together, we die together   we ride together, we die together EmptyJeu 20 Fév - 22:21

Le bonheur de ces journées un peu trop longues était de me dire que le soir venu, je passais du temps avec Silas. Cette seule pensée était si étrange et si naturelle à la fois. Il était apparu comme un météore dans ma vie et je ne pouvais pas décemment penser que c’en fut une mauvaise chose. Oui, la comparaison était ridicule mais étant donné la vie que j’avais eue avant qu’il ne me tombe dessus, ça m’y avait fortement fait penser. Et puis je pouvais bien le comparer à ce que je voulais maintenant que nous étions si… intimes. Si j’avais envie de dire qu’il m’embrassait comme un ouragan, je pouvais. Si j’avais envie de dire qu’avec lui je me sentais flotter comme un papillon, je pouvais aussi. Qu’importait, ça m’amusait. « Tu peux y aller, demoiselle ! » Le Papatissier, comme la ville s’amusait à l’appeler, me sortit de mes pensées. Rester derrière le comptoir, à attendre le prochain client, m’avait fait perdre le fil des minutes. Mais mon service s’achevait et j’allais pouvoir rendre mon tablier, jusqu’à demain. Je souris à mon patron et me précipitai pour récupérer mes affaires avant de sortir avec un soupir de soulagement. J’adorais mon travail, ce n’était pas le problème, mais les journées étaient tout de même agitées. C’est là que je le vis, immédiatement, en mettant un pied sur le sol hors de la boutique. Il m’attendait, comme je savais qu’il le ferait. J’eus à peine le temps de sourire que Silas arrivait déjà à ma hauteur pour me plaquer montre un mur en m’embrassant. Suivant le mouvement, je m’accrochai à ses lèvres et passai les bras autour de son cou dans un même temps qu’il me tenait visage et hanches. Si ses baisers avaient toujours été agréables et passionnés, celui-ci avait encore plus de hargne. Non pas que ça me déplaisait, mais ça attirait ma curiosité. Pourquoi ? Non désireuse de vouloir rompre ce moment, je laissai mon interrogation de côté, et profitai. Lorsqu’il s’éloigna, je manquais de souffle mais me rendis compte une fois de plus à quel point la vie que j’avais trouvée dans cette ville pouvait s’appeler Bonheur.

Nous partîmes en direction de chez lui et je lui racontai ma journée, bien que ça ne l’intéresse pas forcément. Il y avait des fois où déblatérer des paroles sans grande raison m’arrivait. Pas bien grave mais certainement lourd envers Silas, c’était sûr. Mais je savais bien que son regard ou son petit sourire montrait qu’il n’en avait pas rien à faire non plus, sinon notre relation n’avait pas grand intérêt. Alors je me calmai et profitai du silence de la nuit tombée, du vent dans les branches des arbres sur notre chemin. Nous montâmes à son appartement rapidement ; j’aurais juré avoir vu Ruben arriver également mais après avoir constaté que Silas ne souhaitait pas s’arrêter pour le saluer, je m’étais contenté d’hausser les épaules. Bah, il avait bien ses humeurs. Je souris lorsqu’il me prit la main et le suivi volontiers à l’intérieur. « Je vais prendre une douche, et j'arrive avec les plateaux télé. Mets toi à l'aise. » Il m’avait rapidement fait prendre mes marques chez lui, aussi je ne fus pas étonnée de ses paroles. Il passa derrière moi et je sentis la pression de sa main sur mes hanches avant que ce soit celle de ses lèvres dans ma nuque. Il avait toujours ce don pour me faire frissonner. Je fermai les yeux le temps de ses baisers qui, finalement, fut plus court que ce que mon envie m’avait suggéré. Il s’éloigna sans crier gare, avant de disparaître dans la salle de bain. Avec un soupire presque retenu, je me résignai à rejoindre la pièce à vivre et allumer la télévision. Je me laissai tomber sur le canapé et commençai à zapper avec autant de conviction que si j’entretenais mon couple depuis vingt longues années. L’idée me fit sourire. Je ne savais aucunement où j’allais avec Silas, mais j’y allais. Cette relation était inopinée, on pouvait bien le dire. Au jour le jour, pas vrai ? Je me rendis compte que je réfléchissais encore trop lorsque je pris conscience que la chaine que j’avais laissée tourner diffusait un documentaire sur les bousiers. Ah, ils n’avaient pas de souci à se faire, eux. Déjà là avant les hommes et certainement encore là bien après ! Je n’osai deviner la tête que je devais avoir en ayant des réflexions pareilles. Merci la fatigue. Je laissai tomber mon front sur mes genoux relevés grâce aux pieds nonchalamment retenus sur le bord de la table basse. Je frappai plusieurs fois dessus avant de me redresser en entendant la porte de la salle de bain s’ouvrir et les bruits de pas de Silas. Le tout était de se retenir de quitter la pièce pour le surprendre dans son plus simple appareil. Un ricanement m’échappa pendant que je me secouai la tête. N’importe quoi. Il déboula dans le salon quelques minutes après, affublé de deux plateaux repas. C’est là que je me rendis compte d’à quel point j’avais faim. Ventre sur pattes. Cependant, j’eus à peine pris ma fourchette que la voix de Silas se fit entendre. Chose qui faisait du bien, j’avais l’impression de ne pas assez l’entendre, en fait. Il ne parlait que lorsqu’il le jugeait nécessaire. « Melody, est-ce que t'es heureuse, avec moi ? » Je tiquai presque ; il était la seule personne à m’appeler par mon premier prénom. Non pas que je ne l’aimais pas, mais Harysta marquait ma renaissance ; le jour où mes parents m’avaient adoptée. L’entendre prononcer Melody était toujours étrange, bien que je lui en voulais pas. Je fronçai légèrement les sourcils, un petit sourire nerveux voulant s’imposer. Pourquoi cette question ? Je sais que je pensais bien vivre les choses comme elles venaient, et c’était pourquoi je ne m’étais pas interrogée sur l’avenir de cette relation, si j’étais assez heureuse et si je voulais assez de lui pour voir loin. « Je… oui, je crois. » Il allait falloir que je travaille sérieusement mon accent encore trop prononcé. Je n’étais pas parfaitement bilingue mais avec la branche de la famille française, je connaissais déjà beaucoup de notions en arrivant en ville. Et comme j’apprenais vite, la barrière de la langue n’avait jamais vraiment été un souci ici. Mais persistaient les hésitations et l’accent terrible. Bah. Je le regardai, essayant de comprendre quelque chose dans son expression, mais ma réponse ne semblait pas lui avoir apporté de point positif dans sa réflexion. « Pourquoi ? Il y a un problème ? » Chercher des réponses dans ses yeux était malheureusement bien inutile.
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Silas Wharol

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MessageSujet: Re: we ride together, we die together   we ride together, we die together EmptyMar 4 Mar - 2:05




 
 
 

« Je… oui, je crois. » Cette petite voix fluette, incertaine, ce sont des mots dansant dans l'air tel d'infimes grains de poussière, qui cherchent désespérément leur place dans un faisceau de lumière, avant de s'évanouir derrière l'ombre, pour se faire oublier. Comme elle, comme moi, comme tout ce que nous représentons dans cette relation. Melody s'apparente à une caresse, une poupée fragile déjà ébréchée, dont les morceaux de porcelaine sont en suspens, une mosaïque bloquée dans le temps. J'en sais peu sur elle, et pourtant assez. Assez pour que ça me torture l'esprit, me bouffe comme une rage de dents. C'est la première fille que j'ai l'audace d'affectionner, de respecter et d'honorer. La première pour laquelle je me couperais le bras si cela impliquait une récompense, une minute, une seule, d'intense bonheur pour elle. Je ferais même n'importe quoi pour l'aimer, simplement l'aimer. Elle me donne plus que je ne mérite, et surtout plus qu'elle ne reçoit, de moi. Je me sens comme un incapable, impuissant. Mon père savait sûrement, il devait savoir que je ne serais qu'un lâche, à son image, et ce doit être la raison pour laquelle j'ai tout fui, comme lui. J'ai toujours voulu faire les choses à l'encontre de ce qu'il représente, j'ai lutté longtemps, mais je suis finalement la même merde que lui, pourri jusqu'à la moelle. Abandonnant à la moindre difficulté, préférant la solitude, tout en cherchant pourtant à ne pas croiser mon propre reflet. « Pourquoi ? Il y a un problème ? » Je lève difficilement les yeux vers elle, comme si une force me rendait la tâche extrêmement compliquée. Ouvrir la bouche pour lui répondre quelque chose de concret le serait encore plus. J'aimerais lui dire que tout va bien, qu'elle me rend heureux, me fait oublier. J'aimerais lui dire qu'elle est la plus belle chose qui me soit arrivée, et qu'avec moi, elle n'aura plus jamais mal, plus jamais froid. Mais rien de tout cela n'est foncièrement vrai, ce que nous avons, ou plutôt recherchons, ne rime à rien. Nous partageons mutuellement, mais aucun ne s'abandonne à l'autre. Elle doit le savoir aussi. Si j'étais le bon, celui qui la faisait rêver, elle le saurait. Je ne peux pas lui faire perdre plus de temps avec moi. Melody compte, elle compte. Mais elle ne peut pas rester le lot de consolation, le prix de la revanche, du combat que j'exerce contre moi. C'est n'est pas juste pour elle, ce n'est pas sain. Je ne peux pas non plus lui dire tout ça, lister tous les problèmes sur lesquels je ne peux moi-même mettre de mots. Je ne suis pas fait pour ça, je ne suis pas fait pour nous. Je pourrais être heureux, vraiment bien avec elle, s'il n'y avait pas Ruben. « Non, aucun. » Je m'élance vers elle et appuie mes lèvres sur son front, comme un père protecteur envers sa fille, sa princesse. Puis je lui souris, comme le con heureux que je suis, excepté que cette fois il n'est pas vrai ce sourire. Mais je souris, parce que c'est la meilleure défense que j'ai.

Boum. Boum. Tu devrais te sentir puissant, insubmersible, à l'heure qu'il est. Tu devrais pouvoir croire que t'es fait de béton, que tu peux soulever des monts, la drogue devrait couler en toi comme un torrent, embraser tes sens et épouser ton sang. Elle est censée te rendre dominant, et non pas le contraire. Pourquoi est-ce qu'elle agit en sens inverse ? Tu te sens faible et trahi, bordel, tu te sens plus au fond qu'avant. Tu comprends rien à ce qu'il se passe. T'as mal dosé ? Merde. Pourquoi… la télévision. Tu vois la musique, t'entends les couleurs. T'en es sûr… merde. Tes jambes sont comme paralysées, et pourtant tes doigts vivent, tremblent, crispés sur cette foutue fourchette. Qu'est-ce que c'est que ce bordel. Lâche. Lâche prise. Ce bruit, strident, résonnant dans tes tympans. « J'ai… c'est quoi ? Melo c'est quoi ces bruits ? » Boum. Boum. Pulsations d'un coeur acharné, déchaîné creusant avec des griffes acérées sa propre tombe. Les gouttes de sueurs qui perlent sur ta peau, des stalactites givrées qui te font frissonner. Froid, t'as tellement froid. Tu te blottis contre Melody, t'accroches à ses vêtements comme s'ils allaient te réchauffer, t'empêcher de subir la chute. Tu clos les paupières, cherchant du réconfort, mais ça tourne, ça tourne et t'as juste envie de gerber. Quand tu rouvres les yeux, tu ne vois aucune couleur. Pendant un instant qui te parait une éternité, t'es prisonnier des ténèbres. Le noir t'entoure, le froid s'engouffre. Boum. Boum. Tu t'accroches un peu plus, resserres ton étreinte, mais qu'est-ce que tu tiens déjà ? Tu ne t'en rappelles pas, là. C'est quand la brume dégage de ta rétine livide que t'aperçois ta copine. Merde. Merde, tu ne veux pas qu'elle te voit comme ça. Non surtout pas, tu pars en bad, tu pars en bad, elle ne doit pas voir ça. Elle ne devait jamais te voir comme ça. Tu flippes, dès qu'une ombre entre dans ton champ de vision. Mais ce sont tes propres hallucinations. T'oublies, t'oublies ce que tu faisais, ce que tu pensais il y a une seconde. La notion du temps. T'es envahi d'abîme. Mais la peur reste, accroit dans ton sang, tes neurones, tes tripes. Boum. Boum. Tu te touches frénétiquement le visage, tu cherches, une quelconque sensation. Il y a ta barbe, tes poils qui te grattent la peau. Tes doigts s'enfoncent dans tes joues, tes dents craquent, tes yeux roulent. Tu te laisses glisser du canapé. Il y a ce bruit, toujours ce bruit. Bordel mais d'où vient ce bruit ? Il te dérange, il crisse, déchire ton crâne. T'as peur, d'où que ça vienne, de mourir là, subitement. Merde. Alors tu cours maladroitement sur tes jambes lourdes, jusqu'à une fenêtre. T'es pris de spasmes, incontrôlables. Tu trembles quand t'ouvres les volets. T'as besoin d'air, mais ce n'est qu'un froid glacial qui te gifle la gueule. Il est là, t'es sûr qu'il est là, quelque part. Boum. Boum. Fais le taire. Etouffe le, étouffe toi, fais quelque chose. Reste pas planté là. Tu vois plus Melody. Elle est où, derrière toi ? « Melo… Melody ? Arrête-le, arrête ce bruit. Arrête ce bruit j't'en supplie ! » Tes mains s'agrippent à tes cheveux, tu tires, tu hurles. Tu trembles. Tu sues. T'as si froid, si peur. Mais pourquoi ? Ta tête vient cogner contre un volet, un battant, qui revient vers toi. Alors tu cognes, encore. Qu'il dégage, bordel ! Qu'il te foute la paix ! Des palpitations sombres te brûlent les os. Un feu noir, soudain, tu te consumes. Pourtant, t'as toujours froid. Boum. Boum. Tu gueules, tu t'époumones, comme si ton cri allait masquer ce foutu bruit. Mais tu n'arrives pas à réaliser, ça retentit en toi, résonne sur tes parois. C'est ton coeur qui bat, ton coeur qui tente de survivre. Laisse le respirer, laisse le souffler. Il s'accroche, repousse ton sang, il fatigue. Tu comprends pas, t'as peur. Alors tu frappes. La seule chose que tu trouves à faire, briser la fenêtre. Le verre pénètre ta chair, tu ressens la douleur. Tu veux la sentir encore plus fort, et tu crispes ton poing meurtri pour déchirer un peu plus ta peau. Un ruisseau rouge et chaud dégouline de tes phalanges. Boum. Boum. T'es faible, t'es qu'une merde. C'est tout ce que tu mérites, te détruire. Mais t'aurais pas du, t'aurais pas du entraîner les autres dans ta chute. Tu ferais mieux de même pas y penser, tellement ça te torture. C'est une souffrance plus déchirante que la douleur physique que tu subis en ce moment même. T'as peur de mourir, là tout de suite, tu trembles et tu crises. T'as l'impression que ton esprit s'échappe de ton corps. Tu psychotes et pourtant tu veux crever, régler le problème, fuir et tout arrêter. « Ce bruit… » Tu te laisses tomber, t'as plus la force de tenir debout. Le froid te glace le sang, ta mâchoire claque. Convulsions, tu serres tes vêtements, et t'attends. Attends que ça passe. La descente est rude, tu cherches la surface, tu cherches ton souffle. Boum. Boum.
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M. Harysta Mendler

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MessageSujet: Re: we ride together, we die together   we ride together, we die together EmptyMar 15 Avr - 15:06

Je savais pertinemment que je ne pouvais obtenir aucune réponse de ses yeux. Pourtant je ne pouvais m’empêcher de les scruter lorsque ceux-ci se levèrent lentement jusqu’aux miens. J’avais beau me dire que sa question n’avait pas plus d’incidence que cela, je commençais à me poser des questions. Surtout sur sa retenue. Son silence me mettait bizarrement mal à l’aise au même titre que la surprise de sa demande. J’aurais juré qu’il cherchait ses mots, que ses paroles n’allaient pas nécessairement être positives ou celles escomptées. Mais pourquoi m’avoir donné rendez-vous ? Pourquoi m’avoir amenée chez lui comme d’ordinaire, avoir pris la peine de faire des plateaux repas et de vouloir ainsi passer du temps avec moi si c’était pour me dire maintenant « non, nous deux ça ne marche pas » ? Ça ne tenait pas  debout, et je m’en voulais tout autant de trop réfléchir, d’apporter des conclusions hâtives et stupides.  « Non, aucun. » Etrangement, ça ne me rassura pas. Je me retenais de froncer les sourcils au moment où il s’approcha de moi pour embrasser mon front. Après quoi il me sourit, d’un sourire forcé qui se devait d’être naturel. Ça se voyait clairement. Mais s’il faisait cet effort, ce n’était pas pour rien. Bah, il devait avoir eu une journée merdique, voilà tout. On ne pouvait pas exiger de quelqu’un d’être en forme et plein de joie dans ces cas-là, et c’était bien normal. Alors je finis par sourire faiblement à mon tour, un peu rassurée. Je me reconcentrai sur mon plateau, saisissant enfin de quoi manger du bout de la fourchette pour commencer à satisfaire mon estomac. Le documentaire sur les bousiers avait été zappé depuis un moment déjà et passait maintenant une émission télé qui consistait à faire gagner de l’argent aux candidats après qu’ils aient passé des épreuves grotesques. Je me pris au jeu quand la voix de Silas s’éleva de nouveau. « J'ai… c'est quoi ? Melo c'est quoi ces bruits ? » J’ouvris la bouche en fronçant clairement les sourcils cette fois. Je plissai les yeux, m’interrogeant sur ses paroles et tentant de distinguer les bruits qu’il semblait entendre. Mes yeux passèrent de la télé, à la fenêtre, puis à la main de Silas, tremblant sur sa fourchette. Qu’est-ce qui lui arrivait ?

Ne sachant comment réagir, je fis le poisson avec ma bouche, tendant toujours l’oreille, me demandant maintenant réellement s’il n’hallucinait pas, ou si j’avais des problèmes d’ouïe. Mais il finit par venir se blottir contre moi en tenant fermement mes vêtements. « Mais qu’est-ce que… » Plus un soupir qu’autre chose. Je me hâtai de me débarrasser de mon plateau en le posant sur la table basse pour me redresser et entourer Silas de mes bras. Il tremblait de froid ! À tous les coups, il avait pris un douche bien trop glacée et ça lui montait au cerveau. Il ne se souciait jamais assez de sa santé, le bougre. Mais plus ça allait, plus il s’accrochait durement à moi. Oh il ne me faisait pas mal, mais ça commençait à devenir flippant, en fait. Surtout lorsqu’il ouvrit les yeux pour regarder je ne comprenais quoi. Il n’y avait personne à part nous dans l’appartement. Rien ne bougeait, il n’y avait pas d’ombre particulièrement  surexcitée. Je m’apprêtai à réellement lui demander quel était le problème quand il se mit à faire des choses encore plus incompréhensibles. Il se tritura le visage comme un fou et mon coup de flippe redoubla en le regardant tomber du canapé ; je n’eus même pas le réflexe de le retenir. Ça me dépassait franchement, je n’avais jamais vu un comportement pareil, encore moins venant de lui. « Silas… » Mais il ne m’écoutait pas. Il se releva d’un coup pour courir à la fenêtre la plus proche et l’ouvrir en grand. Le malheureux ! Ce n’était pas comme ça qu’il allait se réchauffer. Je fis un pas, tendis une main, mais j’étais tétanisée par le manque de réactivité dût à une ignorance totale sur la situation qui se déroulait sous mes yeux. Qu’est-ce qu’il me faisait ? Il sembla chercher quelque chose dehors. « Melo… Melody ? Arrête-le, arrête ce bruit. Arrête ce bruit j't'en supplie ! » Il cherchait le fameux bruit ? Il était bien le seul à l’entendre ! Depuis quand était-il pourvu d’une super-ouïe ? Ce qui s’en suivit se passa à une vitesse telle que je ne fus pas certaine de vraiment voir ce que je voyais. Il hurlait, s’époumonait, se frappa la tête contre le volet et finalement, cassa la vitre de son poing qui n’en ressortit pas indemne. Et moi, je reculais. Un pas, un second, presque cinq, lentement, avant de m’apercevoir que je ne pouvais rien faire en sens inverse et que les larmes me montaient aux yeux. Crise de panique ? Je n’étais plus certaine de qui de nous deux la faisait. « Ce bruit… » Je le regardai se recroqueviller au sol, tête contre le corps, crispé de toutes parts. Je m’autoriser à respirer et me rendis compte que j’avais la main serrée sur la poignée de la porte d’entrée, dans mon dos. « Je reviens… » je chuchotais. J’ouvris précipitamment la porte et m’engouffrai dans le couloir de la résidence en me dirigeant à côté, chez Ruben. Je tambourinai à sa porte jusqu’à ce qu’il ouvre et affiche un air ahuri au possible. Pas besoin qu’il me demande ce qu’il se passait pour que je me mette à parler, laissant enfin les larmes se déverser en un flot intarissable. « C’est Silas, je sais pas c’qui s’passe mais ça va pas, ça va pas du tout, et je sais pas c’qui lui arrive, je sais pas quoi faire, s’il te plait… »
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Ruben Nogard

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Ruben Nogard
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MessageSujet: Re: we ride together, we die together   we ride together, we die together EmptySam 3 Mai - 10:31



   
   
   
Même pas un sourire, même pas un mouvement de main. Rien. C'est à croire que tout meurt au bout d'un moment, que malgré tout la franche camaraderie ne règle pas les questions essentielles et que, bien évidemment, quelque chose, un détail vient de se briser sous mes yeux. Je me sens à la fois stupide, coupable et ridicule. Agir comme un enfant, à se cacher derrière mes bouquins pour m'échapper de cette fatalité qui véritablement, ne s'ennuie jamais de me suivre. Je sais plus depuis combien de temps j'ai peine à le regarder, je ne me souviens plus depuis combien d'heures je ne lui ai pas franchement parlé. Une brisure, une cassure aussi stupide qui a un nom. Elle est jolie, elle est gentille, elle est la perfection née pour cette tête rousse qui finira sans aucun doute par me pousser à ma perte. Grim et Silas veulent ma mort, c'est définitif. Harysta, elle s'appelle Harysta et elle est d'une douceur décapante, toujours le sourire aux lèvres, de grands yeux, une belle tignasse, et surtout un visage qui ne laisse pas indifférent. A vrai dire, je ne sais pas si je lui en veux, ou si j'en veux à elle. Si quelque part, je n'en veux pas carrément au monde entier de sentir mon coeur s'emballer à l'idée que jamais rien ne sera plus comme avant. J'en ai marre de le croiser, j'en peux plus d'avoir droit à ses grands yeux bleus qui me tiraillent l'estomac. Je sature. A un point où, je ne m'attarde plus à jeter un coup d'oeil curieux à la porte de son appartement, bien au contraire, je me dépêche pour rentrer. Faire quoi en fin de compte ? J'en ai pas la moindre idée. Tout me paraît vide, me semble incroyablement grand. Quand Silas passait à l'improviste, tout prenait vie comme dans un conte niais, tout avait un minimum de sens. Maintenant, il a plus besoin de mon porte-feuilles, maintenant, Silas, il a tout bonnement plus besoin de ma carcasse. Il a trouvé une autre à dépouiller, il a trouvé quelqu'un pour combler son coeur bouffé par la rage de vivre. Je suis sûrement égoïste de me dire qu'il ne la mérite pas, que oui je veux son bonheur, mais qu'il lui fera du mal un jour. Certainement parce que consciemment ou non, il m'en fait. C'est vicieux, tortueux, si bien que j'en lâche un rire mauvais s'apparentant à un râle de baleine en détresse. Il faut, absolument, à tout prix, que je m'occupe l'esprit, que j'en oublie ce petit couple à l'étage en-dessous qui en ce moment doit s'amuser à des amourettes diverses et variées. Ne pas penser au pire. Ne pas fabuler sur des histoires qui ne me concernent pas. Silas ne me concerne plus. Harysta, je ne sais même pas assez de choses sur elle pour pouvoir la juger, me faire un avis. Je sais juste que c'est une fille bien, qu'elle saura le sortir du trou, ou qu'au contraire c'est lui qui lui prendra la main pour l'enfoncer dans sa bouillasse. Le problème, ce n'est pas impossible qu'il s'agisse de quelqu'un d'autre. Moi par exemple, à l'instar des plus grands cinglés de cette planète, je me questionne là où tout est parfaitement limpide, je remet en question l'amour d'un type pour une donzelle, sous prétexte que j'ai du mal à l'avaler, je jalouse cette situation, j'enrage comme dragon dans sa tanière. Je suis tout bonnement à côté de la plaque, je suis mon propre virus, mon seul poison. Je dois me contenter de ce que j'ai, du bonheur qu'il doit avoir en croisant la brunette, du large sourire qu'il a sur sa tête en s'imaginant comment la surprendre. Silas est complètement guéri, ou alors, ce n'est qu'une façade et dans ce cas, il joue la comédie le mieux du monde. Si bien que à mon tour, je n'y vois que du feu. L'univers tourne en sa faveur, pourquoi est-ce que j'en suis à me laminer l'esprit à faire taire cette petite voix qui me répète que quelque chose ne va certainement pas ? Que j'en ai la gorge nouée, que ça me fait un mal de chien à l'idée qu'il ne reviendra jamais fouiller mes placards à la recherche d'un billet ou deux. Les habitudes ne se perdent jamais, pourtant celles-ci se fondent dans la masse comme la cendre qui s'envole sereinement. Progressivement, bêtement, je l'ai vu, je n'ai pas agis, certainement parce que c'est ce que je veux. M'en séparer pour mieux pouvoir construire autre chose, m'en dégager pour me concentrer sur une autre personne aussi quelconque qu'elle puisse être. Dire adieu à ses blagues vaseuses, à son égo aussi grand qu'une baraque, à ses paroles profondes et à sa voix rassurante. D'une main décidée, j'attrape un bouquin au hasard bien coincé dans ma bibliothèque, sans surprise je tombe sur un thriller qui je suppose me donnera des idées de comment assassiner mon prochain, il pourrait aussi certes, me faire oublier le temps de quelques pages des images qui me tapent directement sur la peau. Parce qu'elles s'incrustent, s'impriment en moi comme un tatouage, des souvenirs aussi crétins que possible, pourtant légers, beaux à leurs manières je suppose.

Je me prépare psychologiquement à m'affaler sur mon canapé à la recherche du fameux meurtrier à travers les lignes. Je n'ai même pas le temps de m'en approcher que la porte est fracassée, quelqu'un s'excite dessus et ce n'est clairement pas bon signe. Soupirant, dépité de ces heures qui n'en finissent plus, je passe une main sur la poignée avant d'ouvrir l'énorme bout de bois les sourcils froncés. Harysta. Quand on pense au loup, c'est plus vraiment un mythe mais il vient toujours la queue entre les jambes. Cette fois-ci, la brunette a pas le sourire, si ce n'est dire qu'elle va s'écrouler dans mes bras. C'est pas bon, ça sent mauvais, sa dégaine n'arrange rien et je ne peux m'empêcher intérieurement d'imaginer des scénarios salaces. Silas l'a quitté, demoiselle cherche du réconfort, Silas a enfin dévoilé ses talents de kleptomanie à sa douce, elle en est choquée. Pire. Affreux, monstrueux, elle en vient à laisser des larmes s'effondrer sur sa peau porcelaine, comme si, cela faisait des années qu'elle n'avait pas laissé la tristesse lui arracher son masque de peau. « C’est Silas, je sais pas c’qui s’passe mais ça va pas, ça va pas du tout, et je sais pas c’qui lui arrive, je sais pas quoi faire, s’il te plait… » Mes prunelles s'écarquillent, mon coeur se serre à l'idée que ça puisse être ce que je pense. Je n'ai pas besoin de la prendre dans mes bras, encore moins de dire quelque chose, mes yeux parlent assez pour qu'ils marmonnent un faiblard " je m'en occupe ", c'est laid, c'est moche. Je crains le pire, ma respiration en vient à se faire presque difficile. Il a pas le droit de faire ça, de nous faire ça, de se faire ça. Je dévale les escaliers d'une vitesse ahurissante, je manque de me prendre le mur mais je m'en moque. La porte ouverte sur cette vision d'horreur, je m'avance en prenant bien attention aux détails qui pourraient me permettre d'être rassuré. Pourtant, rien n'y fait. Je vois un être affalé contre le mur, aussi paumé qu'un gamin cherchant sa mère, la main en sang, marmonnant des paroles que je ne veux même pas comprendre. Silas est retombé. Comme je m'en doutais, il a voulu emporter Harysta avec lui, les ténèbres ont rattrapés cet idiot. M'approchant de lui, je m'accroupis en penchant ma tête sur le côté, voyant de plus près son massacre qu'il s'est infligé. Des bouts de verre dans son poing, si je lève les yeux je peux voir cette pauvre fenêtre sur laquelle il s'est amusé, le teint livide, je me demande même s'il ne va pas vomir ses tripes sur le parquet - et par extension sur moi. « Bordel Silas, qu'est-ce que t'as encore foutu ? » Tout panique à l'intérieur, tout s'écrase en moi comme dans un étau. Bientôt, je vais éclater de l'intérieur et pisser le sang par tous les pores, il me fait peur, tout comme celle qui aurait dû faire partie de sa vie dans sa totalité. Visiblement, elle ne connaît pas ses vices, certainement pas ce qui lui fait du bien et ce qui, à long terme fera pire que le tuer. Ma main s'écrase sur sa joue en une petite gifle, remarquant qu'il ne veut définitivement pas réagir, je me dois de le réveiller, partir dans un tel état ? Ce n'est pas possible. Même lui, s'il doit claquer doit le faire avec le peu de dignité qu'il a. « Silas... Hé, Silas ! » Une seconde baffe à peine plus forte que l'autre. « Silas, si t'ouvres pas les yeux... » Une autre qui arrive à lui faire ouvrir ses prunelles. Pupilles dilatées, plus de rouge que de blanc, j'en ai un frisson qui me traverse le bras alors que je laisse mes doigts divaguer sur ses joues. « J'te jure que si tu claques, j'te tue une deuxième fois, et là tu pourras t'plaindre. » Une menace en l'air qui ne vaut pas plus qu'un bibelot sur étagère. Déglutissant difficilement, je recherche ce qu'il aurait pu prendre dans cette pièce. Malgré tout, je me rassure en me disant qu'il n'est pas passé à la piqûre, qu'il est certes tombé mais que sa main réclame encore de l'aide. Au fond, Silas est pas aussi bête que ça, malgré tout, il reste quand même la plus belle pourriture que la terre ait jamais mise au monde. Reportant mon attention sur lui, je redresse sa tête pour qu'il me fixe. Je n'ose pas imaginer ce qu'il doit voir en ce moment précisément, peut-être mon reflet totalement déformé, ou autre chose, comme un monstre qui souhaite le dévorer. Il pourrait m'en foutre une, me mettre un coup dans l'estomac, peu importe les possibilités, je reste là. « Maintenant, espèce de - » L'heure n'est pas aux insultes, pas encore. « Tu vas m'dire ce que t'as pris, c'qui a pu te mettre dans un état aussi miteux. Nom de dieu, tu t'rends compte de ce que tu fais ? » Bien évidemment que non, il s'en tape comme de la dernière pluie. Le sang continue de couler sur sa main, je le relâche l'espace de quelques secondes pour attraper un torchon visiblement propre, au pire des cas, il aura une infection, il faudra lui couper la main et ce sera tant pis pour son matricule. Inspirant longuement histoire de ne pas laisser l'énervement prendre le dessus sur ma personne, d'une main fébrile je passe le morceau de tissu sur sa main. S'il a mal, s'il en bave, qu'il grogne seulement. De me faire souffrir, de faire souffrir Harysta et surtout de se laisser aller comme le dernier des junkies, c'est tout ce qu'il mérite. Un poing sur son visage. Inconsciemment, je pourrais presque bénir ces quelques minutes que je ne peux pas apprécier. Le plus triste dans cette histoire, ce sont les larmes de celle qu'il aime, c'est ce couteau qu'il a enfoncé dans ma peau et qu'il laisse gangréner. Il tombe, nous tombons ensemble dans sa brume blanche.
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