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Victoria Romanov

• Âge : 30
• Secrets découverts : 265
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Victoria Romanov
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MessageSujet: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptyDim 19 Jan - 11:29

Lâchant le bandage imbibé de sang que je tenais entre mes mains, je reculais vers le mur et regardais le docteur prendre la relève, faisant transporter le patient dans une autre salle. J'étais légèrement déconnectée de la réalité et je n'étais pas sûre d'avoir vraiment comprit ce qui venait tout juste de se dérouler. L'une de mes collègues s'approcha alors de moi. « Tu devrais y aller, je peux m'occuper de ton service aussi... » Je lui adressais un sourire très rapide avant de foncer récupérer mes affaires, essuyer rapidement mes mains sur ma blouse, la fourrant dans mon sac et quittant le bâtiment. Hémorragie interne, c'était l'une des choses que je redoutai le plus d'affronter. Songer au patient qui subissait cela était encore pire. Je récupérai mon téléphone, me rendant compte que j'étais encore tremblante, et je composais le numéro de mon meilleur ami, tant bien que mal.

« Gael ? Excuse moi de t'appeler maintenant, je te dérange peut-être... mais j'ai besoin de te voir. Tu es chez toi là ? [...] D'accord, j'arrive alors. A tout de suite, merci. »

Raccrochant maladroitement et fourrant le téléphone dans ma poche, je cherchai mon vélo du regard avant d'aller détacher la chaîne qui le maintenant au parking des deux roues. Je n'étais pas vraiment en état de monter dessus, mais ce n'était pas comme si j'avais vraiment le choix. En posant mes mains sur le guidon, je remarquais que je n'avais même pas songé à aller me laver les mains un peu plus tôt. Trop tard, je devrait garder les yeux rivés sur la route et j'irais désinfecter mon vélo en temps voulu... je partais donc en direction de l'appartement de Gael, tentant de rouler à peu près correctement, bien que mon cœur s'emballait et que je continuais de me sentir assez mal. Heureusement que tous les patients n'avaient pas des blessures ou quoi que ce soit qui les feraient saigner... après tout, c'était de ma faute, j'avais voulu être infirmière. Je le voulais toujours, mais ce n'était pas moins difficile parfois.

Finalement, comme mon appartement se trouvait sur ma route, je m'y arrêtai un moment pour ranger mon vélo, jeter ma blouse dans le panier de linge sale et récupérer des vêtements propres que je fourrais dans un sac. Je repartis ensuite à pied, ce qui était tout de même mieux que de me retrouver sur un véhicule, quel qu'il soit. En chemin, je me rendis encore compte que j'avais oublié de rincer le sang que j'avais sur la main. Peut-être que je le faisais exprès ? Je ne savais pas, dans la précipitation j'avais surtout songé à ne plus porter les vêtements qui me rappelleraient un mauvais souvenir, et à foncer chez Gael. De toutes façons, je pourrais toujours lui demander s'il y avait moyen d'emprunter sa salle de bain au cas où. Une fois arrivée jusque chez lui, je frappais à la porte pour lui faire savoir que j'étais là, puis j'entrai et refermais le verrou derrière moi avant de rejoindre le salon. Gael n'était pas dans la pièce, mais il était forcément dans l'appartement.


« Je suis là ! » lançai-je à son attention, avant de baisser les yeux vers mes mains et mon sac. « Je t'emprunte ta salle de bain par contre. Je reviens ! »

Emportant mon sac avec moi dans la salle de bain déserte, je supposais que Gael se trouvait dans la cuisine ou bien alors dans sa chambre. Quoi qu'il en soit, je m'enfermai dans la salle de bain, retirant mes vêtements "sales" puis je rentrais sous la douche. Je mis quelques minutes à faire partir le sang de ma main, ce qui me fit un peu tourner la tête. Lorsque j'en eus fini, j'attrapais une serviette propre et me séchais, puis enfilais mes vêtements propres. Je déposais ceux que j'avais enlevés dans mon sac puis me séchais un peu les cheveux, en tentant de les coiffer à peu près correctement. Bien que je ne sois pas spécialement dans mon assiette, un sourire m'échappa en regardant les produits qu'utilisait Gael. C'était juste que j'avais l'impression de bien les connaitre, aussi je lui piquais quelques pshit de son parfum avant de sortir de la salle de bain, dans un meilleur état que celui dans lequel j'étais arrivée.

Déposant soigneusement mon sac dans un coin de la pièce, je me dirigeai ensuite vers mon ami pour lui faire un câlin. C'était un peu ma façon de les saluer, Isaac et lui. Nous étions proches, et j'étais une fille donc je pouvais bien me le permettre ! Il est vrai que je n'aurai jamais vu les deux garçons se prendre dans les bras l'un de l'autre... quoi que Isaac aurait peut-être préféré câliner Allan, vu combien il était intéressé par lui, même si c'était surtout d'un point de vue professionnel. Je me décollais légèrement de Gael, sans pour autant le lâcher, et je levais la tête vers lui.
« Tu es sûr que je ne te dérangeai pas avant d'arriver ? Au cas où tu aurais planifié quelque chose pour ta soirée. » Je le relâchais ensuite, soupirant légèrement avant d'enchaîner.

« Tout à l'heure j'ai du partir plus tôt de l'hôpital. Je ne me souviens même pas de ce que j'ai fais avant de réaliser que mon patient allait mal, c'est le néant total. »

J'allais droit au but, autant en parler maintenant et me sortir ce moment de la journée de la tête juste après. Ce qui était... amusant, si on pouvait dire cela, c'était que ce qui m'horrifiait fascinait Gael. Mais l'avantage, c'est que même si je ne comprenais pas trop son addiction pour les morts disons, je ne le jugeai pas plus que ça. Lui de son côté, je ne savais pas trop ce qu'il pensait de ma peur bleue du sang et de ce que la mort signifiait pour moi. Mais même si nous étions différents, nous parvenions à nous entendre, nous ne nous disputions pas souvent en réalité. Mais certains sujets étaient tout de même à éviter, de son côté comme du mien. Quant à Isaac, c'était dur à dire. Tout ce qui touchait à l'esprit humain était une passion pour lui, aussi on pouvait bien lui parler de nos problèmes en étant sûrs qu'il ne nous dirait pas qu'on l'ennuie.
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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptyDim 19 Jan - 13:05




 
 
 

La poussière, si infime soit-elle, parvient en une luxuriante odeur à mes narines, jusqu'à même recouvrir mes pores. J'inspire lentement ce vestige, ce passé sans héritage qui me laisse de marbre, et referme le livre. Quand on me demande pourquoi j'aime mon métier, je ne trouve rien à y répondre, de peur de paraître pour un fou. Mais je sais exactement pourquoi je fais ça, et je ne regrette pas un seul jour ce que je fais. Contrairement à ce que d'autres peuvent croire, je ne subis pas cette mort tout autour de moi. Je n'ai aucun lien direct avec la souffrance, la peine, comme l'a Roxane avec ses patients et leurs familles, ou encore Isaac, qui doit aider ces gens à faire leur deuil, et notamment celui d'Allan. Moi, je suis celui qui a un lien avec le cadavre, non son entourage. Ils ont parfois tendance à l'oublier. Je n'ai pas peur, bien que j'y sois confronté, si proche. Je n'ai pas peur. Un long soupir s'échappe de ma gorge, et je reste un moment bancal sur le fauteuil, la tête levée vers le plafond, en pensant à son appel. Elle semblait mal à l'aise, avec sa petite voix fluette et tremblante de mots douloureux lui débordant le coeur. Je devine aisément quand Roxane ne va pas bien. Depuis le temps qu'on se connait, j'ai appris à décoder ses traits, ses expressions, ses mimiques. Même sa voix, n'a plus aucun secret pour moi. Si elle était un recueil, je le connaîtrais par coeur, jusqu'à la moindre virgule, le moindre point. « Je suis là ! » J'entends alors ma porte d'entrée se refermer derrière elle, et le claquement du verrou qui nous laissera l'intimité dont elle a besoin. « Je t'emprunte ta salle de bain par contre. Je reviens ! » Un sourire se dessine sur les coins de mes lèvres, reflétant mes fossettes creuses, ruisseaux de mes expressions. « Aucun problème. » Je hurle à son attention depuis ma chambre, lui signifiant simplement que je suis là, et passe ma main sur mon visage avant de venir frotter ma nuque. Je pousse un peu le bordel de mon bureau, pour finalement faire une pile propre et perpendiculaire de mes livres et feuilles volantes, m'arrêtant simplement d'étudier pour aujourd'hui. Je referme la porte de ma chambre derrière moi, et prend mon paquet de clopes dans le placard pour en emmener une à mes lèvres. Elle s'embrase, et bientôt le goudron et la nicotine s'insinuent dans mes poumons. Je ferme les yeux à cette douce et à la fois mordante sensation, avant d'aller ouvrir une fenêtre. Première fois de la journée que je sens l'air pur de l'extérieur sur ma peau, j'ai parfois tendance à l'oublier quand je reste enfermé des journées à étudier. Mais je suis proche du but. Plus qu'une année et enfin, je ne ferais que la morgue et le terrain. Je reste adossé contre la fenêtre, écoutant simplement le bruit des feuilles, flottant sous le vent, et le son de l'eau s'écoulant depuis la salle de bain. Quelque chose a dû arriver, pour qu'elle vienne ainsi directement après le boulot, avant même de terminer sa journée. Et si elle s'est jetée tout de suite sous l'eau, c'est qu'elle a quelque chose à nettoyer, une douleur à purifier.

Je relâche lentement la fumée, l'observant alors lentement se dissiper, et perd mon regard un moment dans le vide. Quoi qu'il arrive, Roxane aura toute sa vie une plaie à nettoyer. Elle aura beau frotter encore et encore, je sais que rien ne pourra la faire cicatriser à long terme. C'est ainsi, c'est pareil pour Allan. Et je suis le spectateur impuissant de leur malheur. Je suis celui qui reste derrière eux, sans savoir, sans pouvoir. Je pourrais presque me comparer à la faucheuse, ce spectre errant qui jongle avec les âmes en peine, étant la mort lui-même, mais ne l'ayant pour autant, jamais ressentie, jamais comprise, jamais vécue. J'aurais beau être toujours là pour la relever de la vase dans les moments hasardeux, elle ne se sentira jamais autant en phase avec moi qu'elle pourrait l'être avec mon frère. Le seul qui peut comprendre sa douleur. Le seul qu'elle regarde différemment. Elle aurait pu choisir n'importe qui, poser son dévolu sur un autre. Mais non, il fallait que ce soit lui. Pour m'arracher le coeur des artères et l'écraser sur mon corps moisissant. Lui, elle. Ils ne feraient que se détruire encore plus, et je dois rester là, entre eux, à supporter le coeur claquant, à appréhender, angoissant. S'ils tombaient l'un l'autre dans leurs bras, je n'ai pas encore songé à ce que je deviendrais, mais j'ai une vague idée de ce que je ressentirais. J'entends enfin l'eau qui cesse de couler, et jette rapidement le mégot dehors avant de refermer la fenêtre. Elle sort quelques minutes plus tard, et se jette sur moi. Je l'enlace en caressant ses cheveux légèrement humides, et perçoit l'odeur de mon parfum qu'elle a dû asperger sur sa peau. Je souris, me dégageant un peu pour plonger mes yeux dans ses pupilles voilées. Elle ne me lâche pas et me regarde avec cette intensité qui lui colle si bien au teint. « Tu es sûr que je ne te dérangeai pas avant d'arriver ? Au cas où tu aurais planifié quelque chose pour ta soirée. » Du Roxane tout craché ça. Toujours peur de déranger, de s'imposer, sachant pourtant pertinemment que je me couperai une jambe pour elle. Je la ferais toujours passer en premier. Je sens ses bras me lâcher pour s'éloigner, mettant une limite, m'empêchant de traverser la barrière de sa peine pour ne pas en être heurté. Elle marche ainsi Roxane, elle craint de blesser, elle évite à tout prix de s'abandonner. « Tout à l'heure j'ai du partir plus tôt de l'hôpital. Je ne me souviens même pas de ce que j'ai fais avant de réaliser que mon patient allait mal, c'est le néant total. » Je grimace un peu, avant de prendre ses mains dans les miennes pour y perdre mon regard. Ses paumes sont rougies, je devine qu'elle les a frottées avec force. Je les laisse glisser pour les échapper et me dirige vers un placard pour lui servir un verre d'eau. « Je n'ai rien planifié ne t'inquiètes pas, tu ne me déranges pas, même jamais. » Le bruit de la porte du placard qui claque résonne dans l'air, et je lui tends le verre avant d'aller m'asseoir sur un canapé en l'invitant d'un signe de main à me rejoindre. « J'ai senti au téléphone que quelque chose n'allait pas. Je me doutais que cela concernait un patient. Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Tu fais un métier dangereux pour toi, je sais qu'on en a déjà parlé, mais mon avis n'a toujours pas changé. » Sans la quitter des yeux, je remarque ses rétines vidées de leur lueur. Elle ne ment pas, ça je le sais. Elle a dû frôler le malaise pour parler de néant. La voir si frêle, si fragile, m'assène un léger rebond du coeur dans la cage thoracique. Parfois, j'aimerais la porter comme une plume et l'éloigner de tout le malheur, toute la souffrance dont elle est envahie. C'est un mal qui détruit la pureté même, et rien qu'à en voir son visage si beau, si blanc, à en imaginer que ce visage pourrait être dévasté, j'en ai la nausée. Elle est tout ce qu'il y a de plus doux et sépharique en ce monde.
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Victoria Romanov

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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptyDim 19 Jan - 16:10

J'observai Gael baisser les yeux vers mes mains, comme s'il avait comprit que j'étais allée les rincer pour une raison bien particulière, puis je le laissai partir un peu plus loin. C'était agréable d'avoir ce genre de connexion avec quelqu'un, nous n'avions pas toujours besoin de parler et de faire des discours pour nous comprendre. Il suffisait de regards ou même du son de notre voix pour savoir si nous avions un problème. J'entendis le son d'un placard qui s'ouvrait et se refermait, du robinet qui coulait et je devinais qu'il était en train de me servir un verre d'eau. Ce qu'il me dit me faire sourire, et j’attrapais ce qu'il me tendit en le remerciant avant de baisser le regard vers le liquide transparent et frais, contenu dans ce petit récipient de verre, l'air mélancolique. Je rejoignis Gael sur le canapé, passant mes bras autour de mes genoux, et buvant un peu d'eau.

N'osant pas le regarder dans les yeux, sachant pertinemment qu'il avait raison, je me focalise sur un point invisible sur le sol. Voir tout ce sang s'écouler, retirer le bandage du patient et me retrouvée figée devant ce pauvre homme qui avait besoin d'aide... oui, il avait eu besoin d'une infirmière, de quelqu'un de compétent. Il avait eu besoin de moi, mais je n'étais pas à la hauteur, et je ne le serai probablement jamais. Ces situations étaient toujours inattendues et je ne sauvais jamais personne. Je repris quelques gorgées d'eau avant de déposer délicatement mon verre par terre et de me tourner vers mon ami, me blottissant un peu dans le canapé.
« Il a fait une hémorragie, et je me suis retrouvée avec se blessure sous la main. J'ai réalisé qu'il saignait et j'ai fais un blocage. »

Je plongeai mon regard dans celui de Gael, tentant de trouver mon point de repère. Il avait raison, je ne devrais pas continuer de faire ce métier, mais je ne voulais rien faire d'autre. « Oui, je sais... mais c'est un peu ce qu'on fait toi et moi. On aide - ou du moins on essaye d'aider - les morts et les vivants. C'est juste le sang... je suppose que ça m'a rappelé Paris. » Un rictus nerveux s'échappa de mes lèvres tandis que je baissais la tête pour tenter de ne pas pleurer. C'était toujours comme ça, si je riais nerveusement, je ne tardai pas à éclater en sanglots. Fort heureusement, ça n'arrivait pas souvent, mais je devais reconnaître que je préférais que celui qui me voit dans cet état était Isaac. Gael n'avait pas le même rapport à la mort que moi, même s'il tentait de me comprendre.

Je sentis cette boule dans ma gorge refaire son apparition, à cause de ce que j'avais vu tout à l'heure. Ce n'était pas tant le fait que je n'avais pu faire quoi que ce soit qui me faisait mal, c'était car je me souvenais du soir où j'avais eu les mains tâchées du sang de Jim. Je vivrai toujours avec ça sur la conscience, c'était plus fort que moi et ça ne faisait pas si longtemps que ça au fond. Je relevais finalement les yeux vers mon ami, sentant qu'il allait mal lui aussi. Était-ce parce que j'avais dit ou fait quelque chose qui l'avait blessé ? Ou alors ça devait être parce qu'il me voyait dans un sale état et qu'il se sentait peut-être impuissant face à ma situation. Mais je n'étais pas venue le voir au hasard, c'était de lui que j'avais besoin. C'était lui que je voulais savoir près de moi, il me connaissait bien et ne me jugerait jamais. Il était l'un des êtres qui comptaient le plus au monde à mes yeux.


« Tu sais, parfois j'ai l'impression que quelque chose nous poursuit, où qu'on aille et quoi qu'on fasse. Comme si ce que l'on craignait le plus nous pourchassait sans cesse et ce que l'on désirait le plus au monde ne faisait que s'éloigner de nous tandis que la peur nous rattrape. Toi tu ne crains pas la mort par exemple, mais tu côtoie deux personnes proches de toi qui souffrent à cause d'elle... je ne sais pas, je trouve ça triste. Comme si on était condamnés à ne jamais pouvoir avoir ce que l'on veut. »
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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptyDim 19 Jan - 22:03




 
 
 

Roxane est belle, qu'elle soit triste ou heureuse, elle est toujours belle. Même quand les larmes perlent sur son visage, même si des années ont passées depuis notre rencontre, et légèrement creusé ses traits, elle a toujours la moue d'une poupée de porcelaine. Le temps semble glisser sur elle, l'exempter de ses carnages, comme un fleuve qui continue sa course, dévastant le laid, le démodé, et préservant la beauté, la maintenant intacte éternellement. Elle est aussi précieuse qu'un coquillage, fragile telle une céramique, et éblouissante comme la lune. C'est ainsi que je décrirais Roxane si on me demandait à quoi elle me faisait penser, à une perle. J'aperçois ses paupières se baisser, pour trouver quelque chose d'apparemment intéressant à fixer sur le sol, ou bien, pour ne pas affronter mon regard. Elle est pensive, et tourmentée. « Il a fait une hémorragie, et je me suis retrouvée avec sa blessure sous la main. J'ai réalisé qu'il saignait et j'ai fais un blocage. » C'était probable, je n'en suis pas vraiment étonné, à vrai dire je le sentais venir. Il n'y avait que le sang pour la faire tourner de l'oeil ainsi, la détourner de son objectif pour préférer fuir de mauvais souvenirs. Je la regarde s'enfoncer un peu plus dans le canapé, le cuir épouse doucement ses courbes, dans un soupir presque indistinct. Je grimace et expire sèchement l'air de mes narines, lui faisant ainsi comprendre mon ressenti, mon mécontentement, appuyant alors l'argument précédemment utilisé, notamment celui que ce métier est trop dangereux pour elle. Elle me regarde enfin, à la fois nerveuse et inquiète. « Oui, je sais... mais c'est un peu ce qu'on fait toi et moi. On aide - ou du moins on essaye d'aider - les morts et les vivants. C'est juste le sang... je suppose que ça m'a rappelé Paris. » Un gloussement agité, fébrile, claque et tremble de ses lèvres pour venir faire écho à ses yeux qui, sans aucun doute, sont devenus plus humides. Mais elle baisse immédiatement la tête, appréhendant les larmes salées, les rejetant, les repoussant avec courage. Elle ne manque pas de cran Roxane, et c'est pour cela que la voir ainsi me fait si mal, parce qu'elle ne se dévoile pas si souvent. Non, rarement même. Si elle se laissait submerger par ses émotions, par son douloureux passé, elle n'aurait plus rien à pleurer. Je me réjouis de la force dont elle est capable, c'est ce qui la rend si unique et stupéfiante. Je laisse planer le silence, réfléchissant finalement, ne sachant que répondre, et je perds mon regard sur le verre d'eau, sur lequel je remarque la marque de ses lèvres, devinant aussi qu'il est encore imbibé de son odeur, de sa saveur mélancolique.

Roxane a beau avoir perdu son âme soeur, et par la même occasion, une partie d'elle-même, il y a quelques années, elle garde pourtant toujours l'alliance de Jim, son amant du passé. L'homme assassiné, qui la catégorise aujourd'hui de veuve. Je profite du fait que ses pupilles soient ailleurs pour fixer la petite boule formée sous ses vêtements, la bague qu'elle garde et n'enlève presque jamais, cachée contre sa poitrine, empêchant quiconque d'approcher son coeur. M'empêchant, moi, d'approcher son coeur. Elle suppose… dit-elle. Elle suppose que ça lui a rappelé Paris. Mais c'est une évidence. La tragique mort de son époux a dû être un bain de sang, et je sais pertinemment qu'elle en est restée profondément marquée. Je la vois rarement porter du rouge. C'est idiot, mais je crois que même cela lui rappellerait de mauvais souvenirs. Elle prône plutôt le bleu, en réalité. C'était d'ailleurs la couleur très utilisée par Picasso lors de sa période triste. Roxane est triste. Elle le sera toujours. « Tu sais, parfois j'ai l'impression que quelque chose nous poursuit, où qu'on aille et quoi qu'on fasse. Comme si ce que l'on craignait le plus nous pourchassait sans cesse et ce que l'on désirait le plus au monde ne faisait que s'éloigner de nous tandis que la peur nous rattrape. Toi tu ne crains pas la mort par exemple, mais tu côtoie deux personnes proches de toi qui souffrent à cause d'elle... je ne sais pas, je trouve ça triste. Comme si on était condamnés à ne jamais pouvoir avoir ce que l'on veut. » Je relève les yeux vers son visage, restant toujours silencieux. Il est vrai que je ne crains pas la mort, et que je la connais encore moins, quant bien même je la côtoie chaque jour. Je ne connais pas cette peur dont elle parle, qui l'assaillit parfois, et cette souffrance dont elle est le martyr, elle, au même titre qu'Allan d'ailleurs. Ils sont les victimes d'une fatalité qui ne m'a encore jamais poignardé. Il m'est parfois arrivé de me demander ce que je ressentirais si mon frère mourrait, mais chaque fois j'en revenais à cette triste même conclusion, il est déjà mort. Il est parti, quand il a perdu son amour. Moi, ce n'est pas la mort que je trouve affligeante, c'est l'amour. L'amour est plus cruel, plus dévastateur encore. Il brise, tranche les coeurs, bouleverse les sentiments. Il est néfaste, il est le réel méchant, alors même qu'il n'est pas une fin en soi. Il est l'abjection qui les détruit, finalement. Je soupire légèrement. « Je ne pense pas que tu sois condamnée, personne ne l'est. Peut-être que si tu cessais d'être effrayée par ce qui te poursuis, si tu repoussais cette peur, alors peut-être que tu trouverais cette chose que tu désires tant. » Au fond, je ne sais pas si le mieux pour elle serait d'abandonner ce métier qu'elle aime. Elle est faite pour aider, soutenir les gens, tout comme Isaac. Ils sont de ces personnes qui mettent de côté tous leurs problèmes pour subvenir à ceux des autres et les résoudre. C'est finalement ce qui les fait se sentir vivants, je crois. Mais quand je la pousse à réfléchir, à abandonner, j'espère un peu par là, qu'elle aura un déclic. Qu'un jour, elle affronte en face sa phobie, s'y confronte et l'anéantisse. « Qu'est-ce que tu désires le plus au monde, Roxane ? »
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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptyLun 20 Jan - 1:29

Au fond, en plus de me sentir mal, j'ai honte. J'ai l'impression de le décevoir, comme si je ne l'avais pas écouté et que je récoltais tous les soucis qui accompagnaient mon problème. Je le voyais à son expression, sa façon de respirer même, et je le ressentais. Je l'observai quelques instants, alors qu'il parlait, sachant qu'il devait avoir raison. La peur me faisait perdre tous mes moyens, et la notion de réalité devenait aussitôt flouée, comme si la phobie prenait le dessus et me contrôlait et choisissais de me faire prendre conscience du problème, mais plus du monde qui m'entourais. C'était assez intense, car ce lien assez pénible que j'avais avec le sang était lié à mes souvenirs, mon passé. La pire de toutes les choses dont je pouvais bien me rappeler. Si je pouvais passer outre, je le ferai sans hésitation. Mais j'avais du mal, j'étais encore en état de choc et j'avais toujours envie de pleurer. La boule dans ma gorge se resserra. Je décidais de me tourner un peu, pour être de profil à Gael, sentant les larmes me monter aux yeux.

Mes yeux s'humidifièrent, et je n'osais plus bouger, de peur qu'il me voit pleurer. Il me demanda ensuite ce que je désirais le plus au monde... c'était une question étrange, et pourtant il la posait car j'en avais parlé quelques instants plus tôt. Je tentai de me focaliser sur tout ce qu'il avait dit, concernant le fait de repousser mes peurs. Que sans elles, je parviendrai peut-être à savoir ce que je voulais. Cela signifiait que je ne pouvais pas deviner ce que j'aimerai tant que je vivrais ainsi. Je tentais de réfléchir rapidement à un moyen de me débarrasser de mes démons, de les vaincre. Peut-être que si je revivais une scène similaire à celle qui m'avait traumatisée, je parviendrai à faire quelque chose contre le sang ? Jim n'était plus là, il était décédé. Je n'avais pas pu le sauver, il avait été tué en l'espace de quelques secondes. Et si c'était ça qui me bloquait ? Ne pas avoir pu agir et le sauver ? Je passais mes mains sur mon visage, effaçant discrètement mes larmes, puis je songeais à Isaac et Gael. Si l'un d'entre eux était gravement blessé, et que je me retrouvai seule avec celui-ci.. serais-je capable de lui sauver la vie ?

Je tournai la tête vers lui, décidant de ne pas le quitter des yeux. Il m'était trop précieux pour que je songe même à le perdre. La mort ne pouvait pas s'attaquer à lui, il avait une étrange connexion avec elle, et elle ne pouvait pas l'atteindre, pas maintenant. Elle n'avait pas le droit de me le prendre, pas plus qu'elle n'avait le droit de le prendre à Allan. Isaac n'avait perdu personne à ma connaissance, mais lui aussi il tenait à Gael. En fait je les aimais tous, ils étaient trop importants pour moi. Même si, au fond, je ne connaissais pas trop Allan... ou plutôt que lui, il ne me connaissait pas beaucoup. Je me sentais proche de lui par rapport à son livre, mais au fond je cherchais peut-être un moyen de pouvoir l'atteindre, le toucher, l'aborder. C'était étrange, j'avais l'impression de me sentir connectée à lui, mais tout ça c'était sans doutes par le biais de ce qu'il avait écrit. Ce n'était peut-être qu'illusoire, et peut-être que je n'étais pas la seule à avoir eu un aussi grand intérêt pour ce qu'il avait fait. Je n'étais pas la seule, je le savais.

Gael m'avait posée une question. Je ne savais pas vraiment quoi répondre, avant de perdre Jim mon plus grand désir avait été de me marier avec lui, et de fonder une famille. Mais surtout, déjà, de pouvoir être heureuse avec l'homme que j'aimais et en étant toujours entourée de mes amis, ma famille. Maintenant, j'avais l'impression que tout espoir réel d'avoir une relation amoureuse était tombé à l'eau. En y réfléchissant bien, je savais ce que je désirais, peut-être même ce que je désirais le plus au monde. Je me rapprochais un peu de Gael en me retournant vers lui, puis je soupirais lentement, les yeux rivés sur une mèche de cheveux qu'il avait, qui ne tenait pas tout à fait en place.
« Je crois que ce que j'aimerais vraiment, c'est d'avoir une meilleure vie que celle que j'avais à Paris, avec Jim. Rester ici, mais avoir quelqu'un. Mais pour ça, il y a sans doutes trop à faire... c'est sûrement réalisable, mais pas aisément. » Je sentis la boule dans ma gorge se dissiper un peu, comme si ma tristesse retombait un peu.

Je posais délicatement ma main sur la joue de Gael en lui adressant un sourire triste, puis je plaquais cette petite mèche de cheveux derrière son oreille, avec douceur. Je laissais retomber ma main sur mes genoux, avant de reprendre.
« Pour avoir ce que je veux vraiment, il faudrait que je parvienne à oublier le passé. Que je me convainque que je puisse être à nouveau pleinement heureuse, sans lui. Et pour pouvoir faire cela, comme tu le disais, il faut que je mette de côté ma peur. Mais je crains de ne pouvoir contrôler ma peur que si je suis la seule personne susceptible de sauver la vie de quelqu'un qui est en danger, et a besoin d'être sauvé. Je ne veux pas que cela arrive, car la vie d'une personne serait en jeu, et que je pourrais échouer. Quant au reste, je n'ose pas y songer. Quelque part... » Et la boule dans ma gorge s'intensifia. Je songeai à la peine, au deuil. Je devais parvenir à l'éloigner de moi, que je puisse au moins parler. Mais j'avais peur aussi de devoir rentrer chez moi pour extérioriser mon chagrin et ma douleur.

Je devais être forte pour ma sœur, et aussi pour moi. J'inspirais longuement et expirais lentement, tentant de contrôler à peu près mon souffle.
« ...excuse moi. Quelque part, je crois que je ne veux pas que quelqu'un prenne la place de Jim. Mais en même temps, j'ai le sentiment que le seul moyen que j'ai de l'oublier, c'est de combler le vide qu'il a laissé derrière lui en partant... c'est horrible de penser à ça, j'en ai conscience. Mais c'est plus fort que moi, maintenant que j'y pense. » Je récupérais un coussin se trouvant entre Gael et moi, puis je le serrai contre ma poitrine, afin d'y déposer ma tête. « Et toi ? Qu'est-ce-que tu désires le plus au monde ? Je suppose que ça n'a pas forcément de rapport avec la mort, à ce niveau-là je dois reconnaître que je ne me fais aucun souci pour toi. » Je lui adressais un sourire taquin puis l'observai à nouveau, me demandant bien ce qui pouvait intéresser le plus mon meilleur ami.
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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptyMar 21 Jan - 16:33




 
 
 

En réalité, j'aurais beau creuser, chercher à comprendre, à ressentir ce qu'ils vivent, je n'y arriverai pas. Je ne comprends pas, ou peut-être est-ce eux qui ne comprennent pas. Dans l'idéal, pour donner un sens à tout cela, je dirais que nos rétines ne perçoivent pas de la même manière, n'ont pas la même vision du monde, de l'existence. Nous serons en perpétuel désaccord, mes amis, mon frère et moi. Pourquoi ? Parce qu'ils sont effrayés, tout bonnement, par la fin, cette mort qui les poursuit. Moi, je suis effrayé par le présent, et le commencement de toutes choses, qui me hante. Je rends son regard à Roxane, aussi maussade et pensif, lugubre, presque empli de pitié. Si je ne lui ai jamais avoué ce que je ressentais, depuis toutes ces années, c'est bien parce que je suis un lâche. Je crains l'amour et les ravages dont il est capable. J'ai peur de ces passions dévorantes qui lie des chaînes puissantes, et se permet de les rouiller pour enfin les briser en un tas de cendres putrides. Je suis effrayé à l'idée d'un jour ressentir cette douleur qui prend aux tripes. J'ai peur d'être un de ces aliénés que l'on fait dégorger d'amour pour ensuite s'en lasser, tel un chien blessé, abandonné sur le bord de la route. Mais je n'ai pas laissé passer ma chance, contrairement à ce que la vie veut me faire croire, je n'en avais simplement aucune. Je me sens coupable, parfois pleins de regrets. Mais quelles chances avais-je ? Roxane est comme une rose blanche à laquelle on se pique si l'on s'en approche de trop près. Il est déjà merveilleux de fréquenter une fille comme ça, il serait inimaginable d'en demander plus. Son destin était de toute manière scellé, et même maintenant qu'elle a perdu son âme soeur, son coeur est verrouillé. Elle est inaccessible, et c'est mieux ainsi. Elle a beau dire, aussi sincèrement qu'elle le peut mais avec des mots confus, qu'elle souhaiterait avoir quelqu'un, je ne l'en pense pas un instant capable. Quant bien même elle serait guérie, un jour, je doute qu'elle puisse aimer encore, comme elle a aimé Jim. La sensation de ses doigts sur ma joue m'assène un léger coup sur la poitrine, mais je ne cesse de la fixer, restant silencieux, respectueux de son chagrin dissimulé derrière son doux sourire. Je ne change pas non plus d'expression lorsqu'elle replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, je suis habitué à ces petites attentions maternelles, j'en ai besoin. Je ne me lasse pas de cette tendresse qu'elle dégage, sans pour autant vouloir m'enfermer dans une cage. « Pour avoir ce que je veux vraiment, il faudrait que je parvienne à oublier le passé. » Finalement elle en vient à cela. La peur. La frontière est mince entre ce que l'on désire, et ce dont on a besoin. Je doute, je crains pour elle. Autant je veux la pousser, la soulever à même sur mes épaules, autant je préfèrerais parfois la garder près de moi, la protéger du danger. Je veux qu'elle soit heureuse, mais heureuse avec moi.

« Quelque part… » Elle s'arrête, subitement, cherchant peut-être un moyen de ravaler des larmes au bord d'un gouffre. Cherchant à calmer un coeur palpitant, apprivoiser une respiration saccadée. Je ne bronche ni ne sourcille pas. « ...excuse moi. Quelque part, je crois que je ne veux pas que quelqu'un prenne la place de Jim. Mais en même temps, j'ai le sentiment que le seul moyen que j'ai de l'oublier, c'est de combler le vide qu'il a laissé derrière lui en partant... c'est horrible de penser à ça, j'en ai conscience. Mais c'est plus fort que moi, maintenant que j'y pense. » Je soupire doucement et me blottit le dos contre le dossier, regardant maintenant le mur face à moi. Nous n'avions jamais été aussi loin dans nos conversations sur Jim. Sûrement parce qu'elle n'était pas encore prête à tourner la page, à faire son deuil. Désormais, elle cherche, elle creuse, mine son corridor, le chemin vers la guérison, l'absolution. Elle m'échappe, j'en ai peur. J'ai longtemps espéré qu'elle me dise ces mots, maintenant je les crains. Du plus profond de mon âme, je sais, je sens que si je reste là les bras croisés, à fermer ma gueule comme je l'ai toujours fait, elle va tomber entre les mains d'Allan, qui prendra cette place laissée. Et j'assisterai de nouveau à une destruction, une vraie tuerie. Je ne sais juste pas lequel en pâtira le plus entre elle, lui ou moi. Mais certains en sortiront anéantis. Je l'entends s'agiter et attraper un coussin, prenant un ton plus léger. « Et toi ? Qu'est-ce-que tu désires le plus au monde ? Je suppose que ça n'a pas forcément de rapport avec la mort, à ce niveau-là je dois reconnaître que je ne me fais aucun souci pour toi. » Je ne me suis jamais réellement posé la question. Si il fut un temps, c'était Roxane que je désirais, aujourd'hui je ne sais plus. Je n'ai pas de but, d'objectif réel. Je me contente de cette simple vie, sur un mont de Normandie. J'ai des désirs bien sûr. J'aimerais retrouver ce frère que j'avais, lorsque nous étions encore enfants. J'aimerais qu'il vienne encore me réveiller dans la nuit pour pleurer ce monstre sous son lit. J'aimerais qu'il ait besoin de moi. J'aimerais que Roxane soit heureuse. J'aimerais qu'il n'y ait jamais eu ce vide dans sa vie, qu'elle n'ait jamais rencontré Jim. J'aimerais être le seul qui ait jamais compté. J'aimerais voir Isaac pleinement vivant, plutôt que fantôme errant. J'aimerais tant de choses finalement, mais toutes concernent un passé révolu. Ce que je veux au fond, ce serait réécrire leurs histoires, les rendre plus belles. C'est impossible, la seule chose que je peux encore espérer, c'est que rien de pire ne leur arrive. « Que rien ne change. » Ma voix est rauque, comme sortie d'outre tombe. Oui, je n'ai pas peur de la mort, mais j'ai peur du temps. J'aimerais seulement que mon frère et mes amis restent tels qu'ils le sont, encore intacts bien que heurtés. Si cela peut leur éviter de souffrir plus, alors voilà ce que je désire. « Je souhaite que tu sois heureuse, Roxane, sincèrement. Je ne veux que ton bonheur, mais tu ne le trouveras pas forcément en cherchant à combler le vide laissé par Jim. Ça ne doit pas être un objectif, ce serait assouvir un besoin illusoire. C'est trompeur. Tu ne peux pas te forcer à tomber amoureuse. » Est-ce vraiment ce que je pense, au fond ? Ne pourrait-elle pas simplement faire semblant, même si ce n'est que superficiel ? Elle serait heureuse, au moins. Mais je crois que quelque part, je cherche à l'éloigner. L'éloigner de ce qu'elle croit ressentir pour Allan. Si il n'y a une chose que je désire le moins au monde, c'est de voir la fille que j'aime, amoureuse de mon frère. Il n'est que le reflet de ce qu'elle craint le plus. Il est la mort.
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Victoria Romanov

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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptyMar 21 Jan - 20:15

Le goût amer de sa mort, passerait-il un beau jour ? Je n'y pensais pas tous les jours, je parvenais parfois à oublier, l'espace de quelques instants. Mais je retrouvais alors tout ce qui me le rappelait. Des vêtements que je portais lorsque j'étais avec lui, des souvenirs datant de mon adolescence, comme des lettres ou bien encore des objets qui avaient été des cadeaux qu'il m'avait offerts. Un parfum, comme celui de plats que j'avais l'habitude de cuisiner pour lui, pour nous. Ce que je trouvais étrange au fond, c'était que nous étions plus ou moins proches de ce qui nous terrifiait le plus. Mon meilleur ami était médecin légiste, tandis que l'autre avait envie de psychanalyser tout le monde, se confrontant aux problèmes des gens. Quant à moi, je travaillais avec des malades qui pouvaient passer en l'espace de quelques instants du monde des vivants à celui des morts. Et puis il y avait aussi ma sœur, qui me parlait parfois de Jim ou de nos parents. Comme si elle ressassait le passé. Le passé était comme un ennemi à  mes yeux, désormais. Si je regardais trop longtemps en arrière, j'étais perdue.

Et puis il y avait Allan. Lui par contre, il avait beaucoup plus de mal à faire son deuil, c'était comme s'il n'essayait pas de vivre. Je n'arrivai pas à le percer au grand jour, pourtant j'aurai au moins aimé essayer... mais Isaac se chargeait déjà de lui, et Gael le soutenait également. Nous étions tous, en un sens, auto-destructeurs. Nous faisions peut-être les mauvais choix et restions avec les mauvaises personnes. Pourtant, même si je savais que je pouvais arranger cela en m'installant seule, et en coupant les ponts avec eux par exemple, je ne le ferai pas. Parce que je les aimaient tous, comme ils étaient. Gael s'était tourné, peut-être pour réfléchir ou bien encore pour ne pas avoir à me regarder. Peut-être qu'il voulait me laisser un peu d'intimité, si jamais je voulais pleurer. Lorsqu'il me répondit enfin, je me demandai s'il ne voulait pas finalement éviter de croiser mon regard, d'y voir une opinion quelconque, un jugement. Que voulait-il dire par là ? Que tout était bien ainsi ? Aucun de nous, au fond, n'était véritablement heureux. Même lui qui n'avait pas de gros problème à ma connaissance, il souffrait de nous voir aussi mal.

Alors que je parvenais petit à petit à ravaler la boule qui s'était formée dans ma gorge, je sentis comme un poids me tomber sur le cœur. Ne parvenant à détacher mon regard de son visage si attendrissant et si pur, je me demandais s'il ne cachait pas quelque chose. Seulement, pourquoi et comment pourrait-il me dissimuler le moindre secret ? Nous partagions beaucoup tous les deux, avec Isaac aussi. Au fond, c'était peut-être ça, je n'étais pas lui. J'étais la seule fille du groupe, et je ne savais pas de quoi ils pouvaient parler entre eux, probablement des problèmes de garçons. Après tout, ils n'étaient pas comme moi, j'étais une fille, je ne pourrais jamais comprendre, ni savoir ce qu'ils pouvaient dire en mon absence. Je ne leur en voulais pas de toutes façons, du moment qu'ils ne restaient pas là à se taire et à broyer du noir seuls. Ça aussi c'était terrible, surtout lorsque l'on avait besoin d'une présence, de réconfort. Être seuls. Ayant l'impression que j'avais néanmoins laissé un froid après mes dernières paroles, j'écoutais ce qu'il avait à rajouter, le cœur lourd.

J'avais du mal à comprendre ses paroles. Je n'avais pas songé à chercher à tout prix quelqu'un pour remplacer Jim. Je supposai simplement que si je tombais amoureuse à nouveau, je serai peut-être un peu plus libre et heureuse. Je fronçais les sourcils, me demandant aussi pourquoi il ne m'avait pas dit ça avant de répondre à ma dernière question. Ce n'était qu'un détail, mais cela m'importait un tant soit peu. Je ne savais pas vraiment quoi répondre, et s'il existait une bonne réponse à apporter à ce qu'il avait ajouter. Je déposais le coussin que je tenais près de moi, hésitant à répondre ou bien à changer de sujet. J'avais l'impression de lui paraître stupide, et je devais admettre que ça me faisait légèrement mal.
« Je n'ai pas pour but précis de combler le vide qu'il a laissé. Tu sais... on ne contrôle pas ses sentiments. » Ce n'était pas vraiment une réponse, et c'était assez confus, mais au moins ça avait le mérite de refléter mes pensées. Je n'étais pas sûre de ce que je devais faire, peut-être qu'il vaullait mieux que je rentre chez moi après tout.

Je me tournais, afin de faire face au mur également, soupirant silencieusement, de peur d'attirer l'attention. J'avais l'impression que d'une manière ou d'une autre, je l'avais vexé.
« Je ne comprend pas. » J'avais peur, mais je ne pensais plus même au sang ou à Jim, ce qui m'inquiétait, c'était lui. Son comportement, ce qu'il avait dit. Je me laissais finalement glisser du canapé, puis j'allais m'agenouiller devant Gael, posant mes bras sur ses genoux et levant la tête vers lui, comme pour le confronter à mon regard. « Pourquoi as tu peur que quelque chose change ? Qu'est-ce-qui pourrait changer ? » Il avait répondu sans argumenter, aussi il n'avait peut-être pas envie d'en parler... mais je voulais savoir, c'était sans doutes l'une de ses peurs, peut-être même la plus grande. Mais c'était si vaste, de quoi pouvait-il bien s'agir ? Pourquoi ne pas vouloir me le dire ?

J'attrapais l'une de ses mains, la caressant avec douceur, sans le quitter des yeux.
« Si tu ne veux pas me parler de quelque chose, tu en as tout à fait le droit. Mais je veux que tu sois heureux toi aussi. Au fond, toi tu nous supporte bien, Allan, Isaac et moi. Tu nous aimes, et même si tu ne souffres pas forcément de ton côté, tu es comme notre bouée de sauvetage. » Je m'interrompis, réalisant que ce que je disais n'avait pas forcément de sens. « Ce que je veux dire, c'est que je veux aussi que tu sois heureux, et j'ai l'impression que chacun notre tour, nous t'empêchons de l'être. Et ça me fait du mal, car je ne veux pas que tu souffres avec nous et à cause de nous... » Je me relevais doucement, m'appuyant légèrement sur lui, sans lâcher sa main. « Maintenant, j'aimerai savoir quelque chose. Justement, je ne suis ni ton meilleur ami, ni ton frère, et je ne suis pas un garçon. »

Je soupirais légèrement, à force de parler pour ne rien dire, j'allais lui faire perdre le fil de la conversation. « Est-ce-que j'ai fais quelque chose de mal ? »
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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptySam 25 Jan - 16:03




 
 
 

Nous avons tous des regrets, de sombres remords qui dansent autour de nos âmes au fil du temps, telles des lamentations glissantes et résonnantes à nos oreilles, nos coeurs même. Je suis certain que Roxane se demande parfois si elle n'aurait pas pu sauver son amour d'une fin tragique, si cela s'était passé autrement, à une autre époque. Peut-être qu'avec l'expérience et les capacités qu'elle a aujourd'hui, elle aurait pu lui éviter la mort. Peut-être est-ce une hypothèse à laquelle elle songe encore. Mais peu importe combien le passé nous hante, il n'y a rien qui puisse le changer. Je déteste toutes ces conneries de fictions qui laissent imaginer qu'on peut conduire une delorean et retourner dans le passé, ou le futur. Nous n'avons aucun pouvoir. Nous avons beau nous prendre pour les rois du monde, nous ne sommes rien de plus que ses sujets, à ce monde. Il est le roi, le dieu. Il détient tous les pouvoirs et ne porte même aucune importance à notre espèce, quant bien même elle cherche depuis tant d'années à monter sur le trône. Le monde ne nous craint pas, ne nous craindra jamais. Et nous continuons à nous pavaner devant lui, alors qu'au fond, nous avons peur. Nous craignons sa puissance, son épée de damoclès qui s'abat sur nous comme une fatalité. Les hommes sont faibles et se terrent derrière des croyances, cherchant à tout prix une sécurité qu'ils n'auront jamais, ou un bonheur factice qui ne fait que leur échapper. La seule réalité à mon sens, c'est d'ouvrir les yeux, et profiter de ce que ce monde a à nous offrir, ne pas en demander plus, ni moins. « Je n'ai pas pour but précis de combler le vide qu'il a laissé. Tu sais... on ne contrôle pas ses sentiments. » Je sens à ses mots, à son ton, qu'elle est un brin vexée. Si elle savait à quoi je pensais, ce qui me poussait à dire tout cela, peut-être alors qu'elle comprendrait réellement. Mais même si mes mots doivent la blesser, je préfère qu'elle reste dans l'ignorance de mes pensées. Pour son bien, pour le mien. Le nôtre en réalité. Je sais bien qu'on ne contrôle pas ses sentiments. Je suis victime et esclave des miens. Tout serait bien plus simple si je pouvais diriger mon coeur et ce qu'il m'oblige à supporter. Il tambourine, claque, dès qu'elle entre dans mon champ de vision. Il se calme aussi souvent, quand je sens son odeur, son toucher. Chaque fois qu'elle me regarde intensément, je ressens la même chaleur qui a assaillit chaque pore de ma peau, quand je l'ai vue pour la première fois. J'ai moi aussi, le malheur de connaître les penchants, l'ardeur des sentiments.

Mon regard se perd un peu plus sur ce blanc de mur, et je n'en distingue plus les contours quand ma vision se brouille légèrement, épuisée, éteinte de toutes ses forces. Je n'avais pas prévu de me laisser aller à toutes ces pensées aujourd'hui, je n'étais pas préparé. J'entends Roxane qui se laisse glisser sur le cuir et voit bientôt sa silhouette s'approcher et éveiller mes pupilles. Elle s'agenouille devant mon corps avachi sur le canapé, et dépose ses bras blancs sur mes genoux écartés. Je ne peux plus y réchapper, et baisse nonchalamment le menton vers elle. « Pourquoi as tu peur que quelque chose change ? Qu'est-ce-qui pourrait changer ? » Je ne sais pas. Tout. Tout pourrait changer, comme rien. Je ne saurais pas même expliquer pourquoi j'en ai peur. Comme pour ce que je ressens pour elle depuis tout ce temps, je ne pourrais y trouver un sens. Je ne repousse pas sa main quand elle vient joindre la mienne, et joue même avec ses doigts en perdant mon regard sur cette étrange danse de phalanges. Le silence finit par s'installer encore, et Roxane vient le combler. Elle n'aime pas le silence, je pense même que lorsqu'elle joue du piano, c'est surtout pour apporter un peu de bruit. Rien qu'un battement, pour aplanir une trop grande tranquillité qui envahit l'air et l'espace. Est-ce donc ce que je suis ? Une bouée de sauvetage, un pilier ? Je ne crois pas que cela soit vrai. Si c'était le cas, ni elle ni Isaac ne seraient encore malheureux, et Allan viendrait vers son petit frère comme s'il était encore la seule personne capable de l'apaiser. Non. Je ne suis pas leur bouée de sauvetage. Je suis la tâche noire au tableau, celui qui est là malgré lui et les autres, et dont on ne remarquerait même pas l'absence s'il venait à disparaître. « Ce que je veux dire, c'est que je veux aussi que tu sois heureux, et j'ai l'impression que chacun notre tour, nous t'empêchons de l'être. Et ça me fait du mal, car je ne veux pas que tu souffres avec nous et à cause de nous... » J'interrompt subitement le ballet de nos doigts, me réveillant de ce bref moment d'enchantement, pour retomber radicalement dans le regard curieux et inquiet de Roxane, y reflétant le mien qui a la même expression. Jamais il ne m'était venu à l'esprit qu'elle ou les garçons m'empêchaient d'être heureux. Ce n'est pas parce qu'ils sont hantés par des maux et que j'en ressens les secousses, non, ce n'est pas de leur faute si je n'atteins pas la plénitude, le bonheur. S'ils ne faisaient pas parti de ma vie, je serais encore plus perdu que je le suis aujourd'hui. Je reste silencieux, attendant peut-être la suite, l'hécatombe. Elle se redresse légèrement, sans pour autant me lâcher, et annonce d'un air très sérieux vouloir comprendre quelque chose. « Est-ce-que j'ai fais quelque chose de mal ? » lance-t-elle, après un léger soupir d'hésitation. Pour la première fois depuis cette longue et maussade conversation, je souris. Sans réfléchir je tire sa main, son bras et la laisse s'écraser toute entière sur moi. Elle était venue pour chercher du soutiens, et voilà qu'elle s'inquiète pour moi désormais. Je n'en suis même pas étonné. Je serre son corps frêle contre le mien et pose mes lèvres sur son front, l'embrassant. « Bien sûr que non. » Pas encore, du moins, et j'espère que cela n'arrivera pas. Même si ce que je crains arrive un jour, ce n'est pas consciente qu'elle m'en fera, du mal. Délicatement je la soulève et la dépose sur le canapé avant de me lever pour aller me prendre une cigarette. Après avoir ouvert une fenêtre, je m'adosse au balcon et allume le bâton de goudron. « Tu es incapable de faire du mal Roxane. Ni toi ni les mecs ne m'empêchent d'être heureux. J'en souffrirais si vous n'étiez pas là, tu sais. Je veux que rien ne change, je veux que vous soyez toujours là avec moi, tels que vous l'êtes. » Si je continue d'être aussi secret avec elle, cela n'aboutira à rien, si ce n'est à ce qu'elle se pose encore mille et une questions, et se torture l'esprit. Après avoir relâché la fumée de ma gorge, je soupire légèrement et lève le menton au ciel, préférant ne pas avoir à affronter son regard. « Mais si vraiment tu dois tomber amoureuse pour ne plus avoir peur et être heureuse, fais en sorte que ce soit de la bonne personne. »
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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptySam 25 Jan - 22:36

J’appréhendais un peu sa réponse, car peut-être que même si quelque chose n'allait pas, il déciderait de ne rien me dire. Pourtant, il se mit à sourire, comme si ce que j'avais dit était stupide, comme si la question ne se posait pas et que c'était amusant. Mais je n'allais pas m'en plaindre, puisque son sourire me mit un peu de baume au cœur. Il me tira vers lui, ce que je n'avais pas anticipé, et je me retrouvais à légèrement l'écraser, gênée. J'avais sans doutes du rougir un peu, de peur de lui avoir fait mal et... je ne savais pas, ça devait être la seule raison évidente. Je le regardai un court instant avant qu'il ne me serre contre lui et dépose un baiser sur mon visage. Je me serais presque blottie contre lui s'il n'avait pas décidé de partir. Me retrouvant peu de temps après assise seule sur le canapé, je baissais le regard vers mes mains.

Je n'avais pas oublié, mais c'était comme si Gael avait réussi à me faire penser à autre chose, même si cela n'était pas nécessairement jovial. Je relève finalement le regard pour observer mon ami aller fumer. Je n'aime pas - je ne supporte pas - ça. Il le sait, aussi j'hésite à en parler, après tout il ne changera pas, pour personne d'ailleurs. Mais c'était synonyme de mon passé, de celui de ma petite sœur et de mort. Mon cœur se serra à cette pensée, celle de perdre l'une de ces deux personnes, de perdre à nouveau quelqu'un que j'aimais plus que tout. Je n'aurai jamais d'autre Jim, mais cela était aussi valable pour eux deux. On a qu'une sœur, et qu'un seul meilleur ami. Un seul amour. Je ne devais pas me forcer à penser comme ça, je devais voir la vie autrement, j'étais un peu trop négative lorsque j'allais mal.

Puis il répondit enfin. Je ne savais pas trop quoi en dire, comment réagir. Justement, l'évolution serait bénéfique, pour nous trois en tous cas. S'éloigner du passé, se construire un avenir et rester ensemble. Mon objectif ne serait jamais de quitter ces garçons-là, tout comme ma sœur. Ils étaient tous un peu ma raison de vivre, ceux qui pouvaient encore me faire sourire, principalement. S'ils savaient à quel point je tenais à eux, que malgré ma peur bleue du sang et de la mort, j'étais prête à me couper une main ou un bras pour eux, pour que rien ne leur arrive, que tout s'arrange, qu'ils aient une vie heureuse. Si seulement ils savaient que je n'étais pas qu'une personne fragile et triste lorsque l'on évoquait des sujets un peu trop douloureux. Si seulement ils se rendaient compte.

Il ne pouvait pas se complaire dans notre situation actuelle, c'était incompréhensible. Quelque part, sa façon de chercher à me rassurer était vraiment touchante, et ça m'allait droit au cœur, mais en même temps je doutais. Il ne pouvait pas, il devait sans doutes aspirer à mieux, il y avait toujours mieux. J'aurai aimé me lever et le rejoindre, lui demander d'être sincère, de vraiment me parler. Mais il avait montré qu'il tenait à mettre une distance entre nous deux en allant allumer cette fichue cigarette, cette toute petite chose qui pourrait le dévaster comme elle s'en était prise à ma sœur. Je ne le supporterai pas, si cela arrivait. Puis soudain, il reprit la parole, comme pour conclure notre conversation une bonne fois pour toutes.

Il avait l'air de vouloir me faire passer un message finalement, comme s'il espérait que je ne tombe pas vraiment amoureuse, ou d'une personne en particulier. Mais de qui ? Pourquoi s'acharner à s'intéresser aux sentiments que je pouvais éprouver pour quelqu'un ? Je finis par m'allonger sur le canapé, passant mes bras sous ma tête, contemplant ce plafond que je ne connais que trop bien. Quelque part, l'un des inconvénients à être une fille dans un groupe composé de garçons, c'était la compréhension des phrases, comprendre ce qui pouvait être un sous-entendu et différencier ce dernier de simples mots dont le sens était clair. Mais j'étais une fille, et je ne pouvais m'empêcher de trop y songer, de chercher un sens caché, un message que l'on essaierait de me faire passer. Il fallait dire que je n'étais pas toujours très douée pour ça...

Je finis par tourner la tête vers la table basse proche du canapé, repérant un livre coincé sous quelques feuilles. Je connaissais sa taille, sa reliure et j'avais la première et quatrième de couverture en tête. Je les avaient longtemps observées, détaillées et regardées, aussi j'avais le sentiment de tout connaître d'elles. Je me redressais alors, attrapant le livre entre mes mains légèrement tremblantes, sans doutes à l'idée qu'il ait put l'avoir en mains également, quelques temps auparavant. Cela faisait quelques minutes encore que je n'avais pas répondu à Gael. Je ne savais pas quoi répondre, mais j'allais improviser.
 « Je ne vais pas m'efforcer de tomber amoureuse, si cela peut te rassurer. Mais je ne vois pas pourquoi il y aurait une mauvaise personne à aimer. Tu penses à quelqu'un en disant cela ? »

Après tout, s'il avait l'air d'insister à ce sujet, de peur que je ne tombe amoureuse visiblement, il devait sans doutes avoir une idée derrière la tête. Sans faire le rapprochement avec l'objet que je tenais entre mes mains, je me levai, n'osant plus le lâcher maintenant que je le tenais. D'ailleurs, en parlant d'amour... je n'y avais jamais vraiment songé, mais il semblait que Gael ne l'avait jamais été. Pourtant, il paraissait impossible qu'un garçon aussi gentils, attentif aux besoins des autres, qu'un amour tel que lui n'ait personne. Celle qui ferait son bonheur tôt ou tard serait sans doutes l'une des filles les plus heureuses qu'il me serait donnée de connaitre. Pourtant, à cette pensée, j'eus à nouveau un petit pincement au cœur.

Au fond, j'avais toujours été la fille la plus proche de Gael, et même d'Isaac. Si un jour, quelqu'un d'autre comme leurs petites amies futures, venaient à nous rejoindre... j'aurai peur. De les perdre, de ne plus compter à leurs yeux, qu'elles me les volent. C'était ma place, je ne voulais pas que ma relation avec eux change car une nouvelle venue aurait fait son apparition. Rien que d'y songer, j'avais envie de savoir s'ils avaient un faible pour quelqu'un. Savoir de qui il s'agissait, si elle les méritait, ne serait-ce que ça. Je crois que quoi qu'il arrive, je verrais cette personne comme une menace, et je me retirerai. De plus, une fois qu'ils étaient entre garçons, ils avaient leurs discussions, parlaient sans doutes de cela. Moi, je ne pouvais pas avoir ce genre de conversations avec eux.

Soupirant, je finis par aller déposer le livre sur la table, là où je l'avais trouvé, mais sans le remettre au-dessous de la petite pile de feuilles de papier. Je restais néanmoins debout, à le fixer, me perdant dans ces pensées. Un frisson me parcourut et je décidais de reprendre la parole, comme si j'avais peur qu'il ne parvienne à savoir ce qui me travaillait et que cela crée à nouveau un autre silence.
« Tu n'es pas obligé de me répondre, mais... » Pourquoi avais-je commencé à parler déjà ? Regrettant déjà le début de ma phrase, je cherchai un moyen de contourner ce que je désirais dire. « ...est-ce-qu'il arrive que je sois de trop parfois, lorsque tu es avec Isaac et Allan ? »

Je comptais lui demander de quoi ils pouvaient bien discuter ensemble, mais j'avais trouvé un moyen de contourner le sujet... en me remettant dans une situation un peu embarrassante. Je pouvais toujours rattraper le coup, quelque part, mais je me posais aussi la question. C'était peut-être moins personnel que ce que j'avais voulu demander juste avant, aussi je décidais de ne rien dire de plus. Après tout, il serait peut-être sincère. « Mais avant que tu ne me réponde, je veux que tu saches que je veux vraiment la vérité, si des fois je suis vraiment de trop, pendant vos conversations par exemple. »
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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptyMer 29 Jan - 22:34




 
 
 

Je ne sais pas quel est le pire, aimer, ou être aimé. Je ne pourrais le dire, je n'ai jamais été aimé comme j'ai aimé. Je connais les chuchotements, les murmures dans le ventre quand elle me touche, me regarde simplement. J'ai appris à mentir, faire échouer mes sentiments entre deux rives, devenus échafaudages croulant. Je connais la douleur qui prend aux tripes quand elle est loin, quand elle se fait passer la bague au doigt. Quand elle sourit, dit oui à un autre homme que moi. Je suis immunisé, presque devenu las, cynique de l'amour. Mais je ne connais pas le sentiment d'être aimé, à sens unique, ou en retour. Quelque part j'ai toujours pensé que c'était tant mieux, ça évite les problèmes, les douleurs, cicatrices profondes. Les miennes ne sont qu'en surface, bénignes, insignifiantes au fond. Celles d'Allan et Roxane sont poussées à l'os, et à creuser plus encore, il y a risque que le peu restant s'effrite pour finalement devenir poussière. La cause ? L'amour. Je les vois réellement comme ces deux petites statuettes représentant un couple en dragée sur les gâteaux de mariage. Il manque sa moitié à chacun, et ils s'enfoncent seuls dans la crème, aspirés comme dans un marécage mouvant. Si frêles et fragiles, que l'on pourrait briser d'un geste de la main, d'un coup de mâchoire. Ils sont fichés, pour l'éternité. Les veufs, avant même d'être mariés. Mais dans tout cela, ce n'est pas l'image d'eux qu'ils renvoient qui est le pire. L'extérieur est superficiel en comparaison à l'apocalypse de l'intérieur. Je ne peux pas ressentir exactement ce qu'ils vivent, subissent au quotidien. Je ne peux pas savoir réellement à quoi ils pensent en se levant le matin. Mais j'imagine bien que c'est une douleur à laquelle on peut difficilement trouver de mots pour la décrire. Une douleur que je souhaite ne jamais ressentir. Alors, au fond, je suis presque reconnaissant d'être seul, et reconnaissant que Roxane ne partage pas mes sentiments. Je me persuade qu'ils finiront par s'épuiser un jour, jusqu'à s'éteindre totalement. Le garçon solitaire, sans aventures ni amour sincère. Peut-être, mais au moins, ce garçon-là, jamais l'amour ne le dévastera. J'inspire une nouvelle fois sur la cigarette, un peu plus longtemps, observant Roxane attraper un livre que je ne connais que trop bien, et ne détache pas mon regard de son visage légèrement caché par ses cheveux, analysant son expression devant l'objet de son désir, dont elle en est à peine consciente.

« Je ne vais pas m'efforcer de tomber amoureuse, si cela peut te rassurer. Mais je ne vois pas pourquoi il y aurait une mauvaise personne à aimer. Tu penses à quelqu'un en disant cela ? » Mon coeur émet un bond, et trahit le silence que Roxane et moi laissions planer. J'ai peut-être parlé trop vite, j'ai dû aller trop loin, sans me rendre compte au préalable qu'elle serait capable de déceler un sous-entendu derrière ma mise en garde. C'est une fille après tout, et les filles voient toujours plus loin que ce qu'il parait, qu'elles soient dans le faux ou le vrai. « Pas forcément. Juste… quelqu'un qui ne te mériterait pas. » J'ai tendance à parler trop vite, et maladroitement me rattraper. La spontanéité me fait défaut. Je me sens coincé, pris au piège. Elle ne lâchera pas l'affaire avant que je paraisse sincère. Je ne peux pourtant pas lui dire que je pense effectivement à une personne, qui plus est mon frère, Allan. Elle serait immédiatement mal à l'aise, pensant que nous n'avions rien remarqué, qu'elle était la seule à savoir. Et encore, qu'en sait-elle ? Elle ne doit pas même être sûre de ce qu'elle ressent, mais elle doit bien se douter de quelque chose. Sinon pourquoi sourirait-elle lorsqu'il est présent, pourquoi le regarderait-elle comme s'il était différent. Pourquoi me poserait-elle toutes ces questions, sur lui. Si elle est encore un peu dupe de la situation, je ne le suis pas. Et ça me bouffe littéralement. Caché dans la pénombre, je ne peux rien faire, rien dire. J'attends simplement que ça me tombe dessus, encore une fois, et bien plus fort. Elle pose finalement le livre de mon frère sur la table basse, et je détourne le regard, dégageant la brume qui jaillit d'entre mes lèvres pour dissimuler mon visage derrière. « Tu n'es pas obligé de me répondre, mais... est-ce-qu'il arrive que je sois de trop parfois, lorsque tu es avec Isaac et Allan ? » Encore une fois, je suis surpris, et en même temps pas tellement. Je suis étonné chaque fois qu'elle fait preuve de tant de candeur, et pourtant je la connais assez pour savoir que j'en ferai toujours les frais. De nouveau je ne peux m'empêcher de laisser un sourire attendri se dessiner sur mes traits. Je me demande jusqu'où elle ira la prochaine fois. Elle serait capable de se demander même si on l'aime vraiment. Comment peut-elle douter autant d'elle-même, c'est quelque chose que je ne comprendrais jamais. Je n'ai jamais pensé qu'elle était de trop. Selon moi, elle est un pilier indispensable à cette bande de bras cassés. Elle est même, la lumière, l'once de bonté qui fait pencher la balance vers le bien, au détriment du mal. S'il y avait une personne de trop, entre nous, ce ne serait pas elle. Ce serait Allan. Mais à mon sens, pas le leur. Parce que ça ne dérange aucun d'eux, que Roxane n'ait d'yeux que pour lui lorsqu'il est là, ça ne blesse que moi. J'expire ma dernière latte et prends une inspiration avant de balancer le mégot dans l'air, prêt à lui répondre. Mais elle enchaîne subitement, exigeant la vérité. Je laisse échapper un soupir et me détourne d'elle, ne pouvant affronter son regard. Face à la rue, je me penche sur le balcon et écaille la peinture sèche de la rambarde. « Je n'ai jamais pensé que tu étais de trop. Je me demande où t'es encore allée chercher ça. Si on  doit parler de trucs de mecs exclusivement, on le fait, que tu sois là ou pas d'ailleurs. Même quand je m'engueule avec Allan, je ne pense pas que tu sois de trop, ni toi ni Isaac. Tu es liée à nous depuis longtemps, du moins à moi. Tu es exactement à la place où tu dois être. » Je lève le menton et dirige mon regard vers la rue, ces murs de pierres, ces pavés français. J'inspire l'air de la mer et expire d'entre mes lèvres les restes de nicotine. De nouveau je soupire, le coeur claquant. Certain que je vais dire quelque chose que je ne devrais pas. Pourtant, je me fie à l'organe vibrant, plutôt qu'à la raison. « Tu sais, j'ai parfois l'impression que c'est moi et Isaac qui sommes de trop, quand je vois la façon dont tu regardes mon frère. » Et j'attends, le coeur hurlant, les membres tremblants.
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Victoria Romanov

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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptyDim 2 Fév - 4:24

Gael était sans doutes habitué à mes questions, et je me voyais mal les poser à Isaac, et encore moins à Allan pour les quelques fois où il était avec nous. Je ne pouvais en parler qu'à Gael, car il était et serait sans doutes toujours celui qui serait le plus proche de moi et me comprendrait le mieux. Je tournais la tête vers lui au moment même où il se détournait de moi, se rapprochant de la fenêtre. Baissant le regard, commençant à me sentir mal à l'aise, je finis par faire les cents pas dans la pièce, sans vraiment avoir envie de rester en place, de m'asseoir quelque part. Il me rassure, comme d'habitude. C'est sa façon d'être, il a toujours été un amour, même s'il peut se montrer un peu blessant parfois. Pourtant, même dans ces moments-là il trouve le moyen de se rattraper, d'utiliser les mots justes. Il ne veut pas faire de mal, ni vexer.

Quelque part, il répétait ce qu'il avait dit un peu plus tôt, mais de façon différente. Dans un contexte différent, en rajoutant d'autres paroles. Il désirait que tout reste ainsi, que rien ne change. Puis il me disait que j'étais là où je devais me trouver, que c'était ma place. C'était indirect, inconscient, mais cela se rapprochait de ce qu'il avait énoncé précédemment. J'essayais de faire le lien, un rapprochement quelconque avec ces informations. Essayait-il de me faire passer un message ? Me posais-je tout simplement trop de questions ? Les garçons ne pouvaient décemment pas se torturer l'esprit comme nous, les filles. C'était pratiquement impossible, en mon sens. Jim ne réfléchissait pas autant, il agissait à l'instinct. S'il voulait dire ou faire quelque chose, il s'exécutait et ne demandait rien à personne. C'était simple, rapide, direct. Mais Gael n'était pas Jim.

Je décidais finalement d'arrêter ma marche près d'un mur auprès duquel je m'appuyais, laissant mon regard vagabonder sur le livre d'Allan l'espace de quelques minutes. Un silence s'était à nouveau installé. Je savais qu'il était dos à moi, je le voyais puisque j'étais derrière lui, à quelques mètres. Mais je sentais que quelqu'un devait parler... et il prit l'initiative de le faire. Tout à coup, dès qu'il eut fini de prononcer ces mots, je remarquais que mes mains tremblaient légèrement, à nouveau. Mais cette fois-ci c'était différent, la raison n'était pas la peur du passé, de la mort. C'était la peur du présent. C'était Allan, c'était Gael, c'était Isaac et c'était moi. Je suis partagée entre ce qui me prend au ventre, comme une espèce de force invisible et inconnue, et Gael. Pourquoi dit-il cela ?

Sous-entendre que son frère et moi nous sommes proches ou que je le privilégie lorsque nous sommes tous les quatre... non, c'était faux, c'était entièrement faux. Je parlais moins à Allan, j'étais celle qui s'avérait être la personne la moins proche de lui. Il se trompait, s'il essayait de me faire comprendre que lui et moi n'avions pas besoin d'eux, ou avions besoin d'intimité. Qu'ils gênaient. A vrai dire, je ne dirais pas non pour passer du temps seule en sa compagnie, mais cela me faisait un peu peur. Pas qu'un peu, d'ailleurs. Mais c'était naturel, non ? Après tout, il était assez distant, et c'était le frère de Gael. Mais justement, il ne devrait y avoir aucun problème. La communication était censée être simple. Pourquoi ne l'était-elle pas ? Je sentis la peur me prendre un peu plus entre ses griffes acérées, et je détournais mon regard du bouquin.

Ses propos me font littéralement mal au cœur, et ont le don de me mettre un peu plus mal à l'aise. L'impression étrange de ne plus savoir où me mettre commence à se faire sentir, et j'ai honte de croiser son regard. Fort heureusement, il est retourné et ne voit rien, il ne peut pas sentir ce que je ressens. Mais pourquoi me sentir ainsi ? Il n'y avait aucune raison d'aller mal, tout allait bien, c'était simplement une remarque, elle était bénigne. Pourtant, Gael ne parlait pas pour ne rien dire. Il avait eu ses raisons de dire cela. Etait-ce en parallèle avec ce qu'il m'avait demandé un peu plus tôt ? De ne pas tomber amoureuse de la mauvaise personne ? Il parlait clairement - il en faisant du moins l'allusion directe - de nous deux. Allan et moi. Ensemble.  

C'était absurde, je ne pourrais jamais être amoureuse de son frère. Enfin, il était déjà impossible de le défaire de son chagrin et de son deuil, il avait lui aussi perdu la personne qu'il aimait. Contrairement à moi justement, il semblait qu'il ne s'en remettrait peut-être jamais... moi, j'essayais de penser à autre chose, de faire un maximum de sorties avec les gens que j'aimais. Et si j'avais besoin de parler, j'avais également des relations auxquelles aller parler. Lui, il avait Gael, il avait Isaac. Pourtant il ne se confiait pas, et se disputait le plus souvent avec son frère. Moi, je n'avais pas osé essayé. J'avais peur que ce soit perdu d'avance, peur de me faire rejeter, peur de lui. Ou peut-être que finalement, j'avais surtout peur de moi...

Le silence était retombé, et il semblait assez significatif. Gael semblait prendre cette discussion à cœur, sinon il n'aurait jamais fait la remarque. Visiblement, il s'inquiétait pour moi, pour mes sentiments. Il devait craindre que je ne tombe amoureuse. D'un point de vue général, j'ignorais s'il était inquiet que je ne pense plus à Jim et passe à autre chose, ou bien que je m'éloigne du groupe. De lui, peut-être. Il était proche de son frère et d'Isaac, mais notre relation était différente, nous avions quelque chose qu'ils n'avaient pas et n'auraient jamais. C'était particulier, et c'était beau. Après la mort de Jim, les choses avaient un peu changées, en bien ou en mal... je ne saurais le dire. C'était juste un peu différent. Mais il avait toujours été là, et il le resterait. Alors, je pensais comprendre.

C'était une peur que nous devions avoir en commun. Celle d'être remplacés par quelqu'un d'autre, d'extérieur au groupe. Mais justement, Allan était l'un des nôtres... mais c'était comme si je n'avais pas cette liberté de pouvoir l'aimer. Non pas que je pensais à finir avec lui, mais... je ne savais pas. J'étais confuse et perdue. Et le silence perdurait, mais je n'osais pas parler sans avoir bien réfléchi avant d'ouvrir la bouche. Peut-être pensait-il que si j'étais avec Allan, je le remplacerai ? J'inspirais longuement et lentement avant d'expirer de façon similaire, pour tenter de calmer les battements trop rapides de mon cœur, de faire s'évaporer la peur. Je ne voulais perdre pour rien au monde Gael, et c'était sans doutes réciproque. Mais cela signifiait-il pour autant que jamais nous ne pourrions être heureux ?

Je l'ignorais. Peut-être étions nous finalement trop jaloux ou possessifs, ou que  nous nous aimions trop pour songer à ne plus avoir ce lien si spécial que nous  partagions. Alors, je quittais mon mur et je m'avançais vers lui, puis je passais doucement mes bras autour de lui, me mettant sur la pointe de pieds pour aller déposer un baiser sur sa nuque. Je voulais qu'il sache que je ne le laisserai pas tomber, que je le protégerai comme il me protégeais. Je ne pouvais exiger de lui ce qu'il exigeait de moi, si je ne respectais pas les limites que l'on s'imposaient.
« Vous n'êtes pas de trop, vous ne le serez jamais. Je ne me permettrais pas de te laisser de côté, et Isaac ne le sera pas non plus. Je suis incapable de vous laisser tomber. »

Me laissant allée contre lui, je gardais le visage enfoui dans son pull, préférant ne pas lui faire de suite, pas trop vite. Je comptais continuer de parler, aussi je refusais d'affronter son regard aussitôt. Me cramponnant à son pull, humant son odeur, je commençai à me calmer enfin, sentant la peur s'atténuer. Mais quoi que je dise et quoi que je fasse, elle demeurait toujours, et j'ignorais comment lui permettre de s'en aller. « Tu as peur que je tombe amoureuse de ton frère ? » Seulement quelques mots, mais difficilement prononcés et qui risquaient de laisser un nouveau silence s'installer pour les prochaines minutes. Mon objectif était cependant de maintenir l'attention de Gael, et de ne pas le laisser fuir ailleurs.

Je me décalais alors, prenant sur moi pour lui faire face. Attrapant l'une de ses mains et me plaçant devant lui, je levais les yeux vers les siens, incapable de prononcer le moindre mot l'espace de quelques secondes. J'ignorais si cela venait de la conversation, de ce qu'il pensait, de la peur ou bien d'autre chose, mais je n'aimais pas trop ça.
« Je ne sais pas si je supporterai le fait que tu tombes amoureux. Il y aurait une autre fille, elle serait sûrement ici. Elle me remplacerait quelque part. Isaac et Allan l'adoreraient sans doutes, ils ne comprendraient pas. Ce que moi je ressens. » Je baissais le regard vers son pull, ne parvenant pas à lui parler sans broncher.

« C'est étrange, mais je pense que je la verrais comme une rivale. Je ne pense pas qu'Isaac et toi ayez les mêmes rapports avec moi, parce que nous deux nous sommes plus proches. Et je suppose que si j'étais avec quelqu'un... d'autre, tu te sentirais aussi écarté. Mais c'est différent. Car il y a déjà eu Jim. Car même si ça arrivait, tu aurais les garçons. Mais ce ne serait pas pareil, parce que c'est nous. Et nous deux, c'est différent. » Je m'interrompis un court instant, sentant que mes émotions étaient toutes un peu en contradiction les unes avec les autres. « Du coup, je présume que depuis tout à l'heure, tu parlais de lui, c'est ça ? Car si je tombe amoureuse de lui, tu seras remplacé par ton frère. »
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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptyLun 3 Mar - 18:39




 
 
 

Je suis un jaloux. Je l'ai toujours été, je crois. Quand pour d'autres, partager une amitié semble normal, pour moi c'est une épreuve. J'aime, j'ai même ce besoin, qu'on me soit fidèle comme je le suis envers mes proches. Comme un animal, mes ressentis et mes réactions sont poussés à l'extrême, mais je me bats pour les garder silencieux, les faire mordre d'impuissance les barreaux de leurs cages, jusqu'à l'étouffement. Si je m'écoutais, je demanderais une trop grande attention, je préfère avoir la première place, et ce n'est pas bon. Je serais trop exigeant envers les autres, je m'épuiserais et les fatiguerais aussi. Alors j'essaie de me faire discret, le plus souvent, le plus possible. Je tente de ravaler toutes ces mauvaises émotions, quitte à ce qu'elles s'écorchent contre les parois à sang et se noient, se dissolvent et laissent un goût acide, de ceux qui donnent la gerbe. Au fond, de nous quatre, je suis peut-être celui qui se retient le plus de gerber, sûrement parce que je pense que je ne le mérite pas. Je n'en ai pas le droit. Pas après ce qu'ils ont subi, ce qu'ils endurent encore, jour après jour, nuit après nuit. Je préfère suffoquer, éteindre mes maux et panser les leurs, les vrais. Car si tout le monde s'arrêtait à de simples difficultés personnelles et passagères, que deviendraient ceux qui vivent des supplices et crient silencieusement à l'aide, ceux qui s'accrochent seuls à des brèches fragiles, des fissures, pour ne pas heurter le fond. Il n'y a pas de place pour l'égoïsme dans ce monde, et je donnerais ma vie pour rendre celles des amours perdus de Roxane et Allan, pour que leurs sourires soient vrais. Je donnerais mon souffle pour qu'ils retrouvent le leur. Je crois que j'aurais du mal à supporter que quelqu'un d'autre que moi le fasse pour eux. Je veux être le plus important, à leurs yeux. Celui qui pourra sauver leurs âmes apeurées, leurs coeurs livides. J'expire brutalement l'air de mes narines quand je sens les bras de Roxane m'enlacer, et ses lèvres me déposer un baiser. Ma nuque en frisonne, mon échine se braque et mon coeur s'affole. Ses mots sont rassurants, et pourtant, je ne suis pas pleinement satisfait. J'aimerais lui dire que je la crois, j'aimerais lui promettre que je serai toujours là. Mais quand elle sera lassée de moi, de ce qu'on a, quand elle aura trouvé un autre Jim, de nous deux, qui restera ?

Je reste là, le plus stoïque possible, ne laissant rien entrevoir, si ce n'est quelques battements frénétiques, une symphonie aux courbes de ma chair, en bord de peau. Elle ne doit pas le sentir, enfouie contre la couche épaisse de coton qui me protège, elle doit seulement entendre, et y penser ne fait qu'accélérer encore plus ma cadence. « Tu as peur que je tombe amoureuse de ton frère ? » Là, à ce moment précis, elle m'assène le coup de grâce. Le rythme de mon coeur bat soudain dans une dynamique abstraite, l'harmonie des notes est dérangée. C'est comme si elle s'effondrait, puis remontait, le long de pics sinueux. Je ne veux pas y penser, y réfléchir et trouver réponse claire à sa question. Je ne veux pas que cette discussion se concrétise et finisse en engueulade, par ma faute. Mais je sais que je ne peux y échapper. Elle me retient prisonnier, entre quatre murs. Elle veut savoir, et Roxane n'abandonne jamais. Je la sens se détacher pour que nos regards se fassent front. Sa main attrape la mienne. Si dans d'autres circonstances, ça me parait naturel et ne m'évoque rien en particulier, à cet instant précis c'est différent. J'en ai trop dit et j'ai peur, ma carapace s'effrite. Elle cherche une écornure, un éclat. Pas pour me détruire, mais pour s'y réfugier. Mais un jour, sa curiosité, son affection me détruira. « Je ne sais pas si je supporterais le fait que tu tombes amoureux. Il y aurait une autre fille, elle serait sûrement ici. Elle me remplacerait quelque part. Isaac et Allan l'adoreraient sans doutes, ils ne comprendraient pas. Ce que moi je ressens. » Moi, moi je comprendrais. Mais pourquoi doit-elle toujours avoir ce chic, en voulant me prouver son amitié, de me blesser ? Cette autre fille, elle est là devant moi. Il n'y en a pas d'autres. Roxane ne l'a pas réalisé, elle ne cherche pas à enfoncer le couteau dans la plaie, et pourtant c'est toujours ce qu'elle fait, involontairement. C'est souvent avec la plus grande sincérité du monde qu'elle se dévoile à moi, resserrant un peu plus encore les noeuds que forment mes tripes, bétonnant les remparts que j'ai créé entre le monde et moi, entre elle et moi. Elle ne sait pas, elle ne doit pas savoir. Il faut que ça continue ainsi, jusqu'à ce que je n'en puisse plus, que je sois absolument vidé, un débris, une épave. Un radeau, pour la sauver, la préserver. C'est quand elle baisse le regard que je me sens légèrement libéré, mais ça ne dure pas. Pas avec ce qu'elle ajoute, creuse, dépouille. Bien sûr, c'est nous, c'est différent. Sous toutes les coutures. Mais elle ne saura jamais réellement pourquoi, maintenant même, elle ne peut mettre de mots dessus. Seul moi sait pourquoi. La seule rivale qu'elle aura est elle-même. Mais moi, chaque fois que je l'entends prononcer le nom de Jim, c'est un nouveau coup que je prends, une poigne glacée dans le ventre qui me ronge, me rappelle que Roxane a fait un choix, des années de cela, et que jamais je ne pourrais effacer cela. Finalement, c'est peut-être aussi un peu pour ça que je n'essaie pas. « Du coup, je présume que depuis tout à l'heure, tu parlais de lui, c'est ça ? Car si je tombe amoureuse de lui, tu seras remplacé par ton frère. » Comme souvent elle déduit bien, comme d'habitude elle a raison. J'aurais du fermer ma grande gueule. Je n'ai vraiment pas envie de bifurquer sur cette conversation, mêlant Roxane, Allan et moi. Mais quelles options, quels choix j'ai ? Je pourrais jouer sur les mots, divaguer, tout faire pour ne pas en arriver à ce que je crains. Je pourrais rester dans l'optique qu'elle croit, qu'il ne s'agit que de pure jalousie d'amitié à deux balles. Pourquoi pas, ça paraitrait crédible. Mais je n'ai pas envie de l'entendre me parler d'Allan, quand bien même, je le sais, c'est moi qui l'ai cherché. Quel con putain. Quel con. « Je pense que je perdrais la place privilégiée que j'ai oui, des deux Price, je préfèrerais rester le préféré. » Je lâche sa main, ni brutalement, ni méchamment. Je ne veux juste pas qu'elle se raccroche à moi en cet instant, alors qu'au fond je la sens s'éloigner depuis quelques temps. « Mais, c'est surtout qu'il n'est pas bien, pour toi. Roxane si jamais tu ressens une once de quoique ce soit pour lui, surtout oublie ça, oublie le. Il n'est déjà pas bon pour lui-même, il serait mauvais pour toi. »


Dernière édition par Gael Price le Ven 7 Mar - 14:14, édité 1 fois
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Victoria Romanov

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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptyMar 4 Mar - 19:03

Je ne voulais pas que Gael se sente mal ou mit de côté, ce n'était absolument pas mon intention et je me sentais désormais mal de nous avoir mit tous les deux dans cette situation. Pourquoi est-ce-qu'il avait fallu que je parle d'amour, en premier lieu ? J'ignorai comment et pourquoi il avait visiblement tout de suite pensé à son frère lorsque j'avais amené le sujet, mais je ne savais vraiment pas quoi faire. Je n'étais pas amoureuse. Je n'éprouvais pas de sentiments aussi forts, je n'en avais plus éprouvé depuis Jim, et je n'aurai jamais une connexion aussi forte avec quelqu'un comme je pouvais l'avoir avec lui. J'avais passé la majeure partie de ma vie, à mes yeux, à ses côtés. Cependant, je savais aussi que je retomberai sûrement amoureuse, mais même si je devais admettre que mon intérêt pour Allan n'était peut-être pas uniquement amical, je n'avais pas la prétention de me voir en couple avec lui. Encore moins maintenant... je comprenais sans vraiment comprendre.

Au fond, je ne pourrais jamais vraiment savoir ce que ça pouvait faire. Je n'osais même pas faire une comparaison imaginative avec Gael et Clara, je trouvais ça bien trop malsain et inapproprié... mais peut-être que ça l'était aussi, pour Allan et moi ? Sans m'en rendre compte, j'agissais peut-être mal en sa présence, en particulier devant son frère. Isaac n'avait pas l'air de se soucier grandement de tout ça, ou alors je me trompais royalement. Je ne pourrais jamais savoir avec exactitude ce qui pouvait traverser l'esprit des garçons à vrai dire, car tout d'abord... j'étais une fille, et pas eux. Je n'osais plus dire le moindre mot, attendant avec impatience qu'il me réponde, qu'il me dise quelque chose. J'avais l'impression d'être une enfant venant de faire une grosse bêtise, attendant que son père la gronde ou lui pardonne. Puis ses mots tombèrent enfin, brisant le silence qui nous surplombait et semblait mettre une tension entre nous. Je ne savais pas quoi lui répondre à mon tour désormais... je ne pouvais pas lui promettre quoi que ce soit.

J'éprouvais un immense respect, beaucoup d'affection et de compassion pour Allan. Comme si j'avais besoin à mon tour de lui tendre la main. Essayer de le sauver de sa vie cauchemardesque. Moi, j'avais plus de... facilité, à faire mon deuil. J'y pensais tous les jours, et je souffrais toujours. Mais c'était différent. J'essayais de profiter de la vie, de chaque petit plaisir, chaque brise de vent, chaque goutte de pluie, chaque note de musique. Chaque geste. Gael lâcha ma main après avoir terminé de prononcer ces paroles, et je sentis une boule se former dans ma gorge, une fois encore. Je craignais qu'elle n'explose, je devais sans cesse la retenir, je ne voulais pas extérioriser tout ce que je ressentais. Ce n'était pas juste, et je ne voulais pas faire ça. Je n'aimais pas pleurer. Je n'aimais pas être triste. Pas pour ça, pas dans ces circonstances. Pas quand je me rendais compte que mon meilleur ami avait l'air lui aussi de souffrir, et que personne ne le remarquait.

Mais bien qu'il me parle vaguement du fait qu'il ne voulait pas que je le remplace par Allan, j'avais bien conscience que j'étais la dernière personne avec qui il voulait en débattre. Isaac était le mieux placé pour ça, puisque ni Allan, ni moi ne pouvions vraiment le rassurer. Enfin, son frère le pouvait. Moi, je ne savais pas si j'en avais la force. Je ne savais pas si je pouvais le promettre. Je ne voulais pas perdre Gael, jamais. Il était trop cher et précieux pour que je ne songe réellement à le remplacer... mais si jamais je tombais amoureuse, il se sentirait écarté. Car lui comme moi, nous avions besoin de rester au premier rang, à la première place dans le cœur de l'autre. Finalement, c'était assez égoïste, car en agissant ainsi, nous retenions l'autre de s'éloigner de nous. J'avais déjà perdu quelqu'un, et je ne voulais pour rien au monde perdre une autre personne.

Surtout pas lui. Personne. Puis ses dernières paroles finirent par me peser sur le cœur, comme si j'avais des contraintes à respecter. De plus, imposer à l'être humain quelque chose, n'importe quoi, c'est le pousser à la faute. Même si ma raison pouvait s'en tenir à ce qu'il me disait, mon cœur pouvait choisir de prendre un chemin bien différent. Au fond, il était vrai que Allan n'était absolument pas comme Jim, et je ne pensais pas vraiment connaître qui que ce soit qui lui ait jamais ressemblé. Mais c'est normal. Mais c'est fini. Vivre dans le passé et me le remémorer sans cesse m'empêchait d'avancer. Avoir l'impression que j'agissais mal en comprenant qu'il était possible que j'éprouve quelque chose pour un autre homme était aussi difficile.

Car dans un sens, Gael avait raison. J'étais trop attachée à la vie, au bonheur, celui que je n'atteindrai probablement plus jamais. Mais j'étais rêveuse, je n'abandonnais pas mes rêves. Et je rêvais d'être heureuse et que mes amis et ma famille le soient eux aussi. Heureux. C'était, sans doutes, un peu trop demander, mais je pourrais leur donner tout les petits moments de répits de la vie, ceux auxquels j'avais parfois droit. Juste pour qu'ils puissent se sentir à nouveau vivants. J'ignorais si la mort de Jim m'avait fait autant aimé cette dernière, mais j'y étais trop attachée pour la laisser me filer entre les doigts. Allan était toujours dans un état dépressif, il avait l'air de broyer du noir et était visiblement absent de la moindre trace de bonheur. Plus depuis qu'il avait perdu quelqu'un. Nous allions dans deux directions opposées, et Gael était au milieu. Il l'a toujours été, par défaut, et il le serait toujours.

Je soupirais finalement, évitant de recroiser le regard de mon ami. Je me frayais un chemin pour sortir de la zone autour de la fenêtre, hésitant à partir et finir la discussion rapidement. Mais je ne pouvais pas faire ça, je ne pouvais pas le laisser comme ça. Moi non plus d'ailleurs. Je ne voulais pas me disputer avec lui ou partir sur de mauvais termes. Pourtant, c'était inévitable. Nous n'allions pas finir cette discussion autour d'un thé devant un documentaire animalier à parler des pâtisseries de Papatissier. M'appuyant sur le sommet du dossier d'un fauteuil, dos à Gael, je tentai de trouver une réponse. Devais-je tenter de calmer le jeu ? Changer de sujet ? Continuer d'en parler ? Pourquoi pas... arrêter de réfléchir ? C'était sans aucun doute une mauvaise idée, mais ça me rongeait trop, alors autant être sincère et cesser de demeurer silencieuse.


« Donc tu voudrais que j'arrête de voir ton frère. Que je demande à Isaac de m'envoyer un sms pour me prévenir de sa présence lorsque vous êtes ensemble, afin que je ne vienne pas ? Je ne suis personne pour Allan, alors même si j'en tombais amoureuse, il ne se passerait rien. Et je ne pense pas finir par l'aimer, puisque de toutes façons on ne se parle déjà quasiment jamais. » Je parlais pour ne rien dire. J'avais beau songer à dire quelque chose d'intelligent, ça ne servait à rien. Je ne savais pas quoi faire, ce qu'il fallait aborder. Je sentais que changer de conversation serait mal avisé, nous devions finir celle-ci avant tout. Soupirant à nouveau, je me traînai silencieusement jusqu'au canapé, attrapant délicatement ma veste en la serrant contre moi. « Je devrais peut-être y aller, je n'aurai pas du venir... » Une furieuse envie de me gifler me démangeait, mais je n'osais pas en dire davantage. Quoi que je dise, quoi que je fasse, j'agissais mal.

J'étais inutile, je ne servais à rien. J'étais venue l'accabler de mes problèmes et je lui en avais remit sur le dos, comme si j'avais fait exprès de créer une tension constante désormais entre nous. Il avait juste évoqué le sujet à propos de son frère. Moi j'avais argumenter, et enchaîné. Je m'en voulais. Faisant un tour sur moi-même, je scrutais le sol du regard, en direction de la fenêtre.
« Je ne cherche pas un lot de compensation, pour remplacer Jim. Je ne suis pas Allan. J'essaye d'avancer en essayant d'oublier le passé, je sais qu'on est différents. Je ne viendrais plus lorsqu'il sera là. S'il faut que je demande à Isaac de m'avertir lorsque ce sera le cas, je le ferai. » Pointant inconsciemment mon regard sur le livre de l'écrivain, je finis par enfiler ma veste et me diriger vers la porte d'entrée, m'arrêtant seulement un instant pour regarder Gael. « Je ne veux pas que tu souffres, et je sais que si tu me dis ça c'est parce que tu ne veux pas me voir souffrir. Ce qui me fait mal, malgré tout, c'est qu'on soit obligés de se blesser l'un l'autre pour essayer de se rendre heureux... parce que ça ne marche pas. »
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MessageSujet: Re: I don't know how I can do without, I just need you now.   I don't know how I can do without, I just need you now. EmptyDim 16 Mar - 13:23




 
 
 

Elle s'éloigne et interrompt tout contact. Je ne comprends pas. Comment a-t-on pu en arriver là ? Roxane était venue ici, apeurée et perdue, pour fuir la peur et la mort, pour trouver soutien et réconfort. Je suis l'épaule sur laquelle elle vient se poser quand quelque chose ne va pas, et je souhaite réellement le rester. Je ne veux pas foutre ce que l'on a en l'air, à cause de ma jalousie. Je ne veux pas que l'on se fâche, pas maintenant, alors qu'elle est blessée. Roxane est ce que j'ai de plus précieux et je ne me risquerais pas à la perdre. Je l'ai fait une fois, ça n'a apporté que du mal qui se répercute encore aujourd'hui. Un mal qui nous suit, tapi dans l'ombre, il nous guette et attend les pires moments, opportuns pour se montrer. Un mal qui nous délie. « Donc tu voudrais que j'arrête de voir ton frère. Que je demande à Isaac de m'envoyer un sms pour me prévenir de sa présence lorsque vous êtes ensemble, afin que je ne vienne pas ? Je ne suis personne pour Allan, alors même si j'en tombais amoureuse, il ne se passerait rien. Et je ne pense pas finir par l'aimer, puisque de toutes façons on ne se parle déjà quasiment jamais. » Non, non ce n'est pas ce que je veux. Si ce doit être un effort pour Roxane d'éviter d'en tomber amoureuse alors autant ne rien faire et laisser couler les choses telles qu'elles doivent arriver. Si je ne peux y échapper, alors tant pis, j'en souffrirais. Mais la façon dont elle parle de lui, comme si elle était peinée, comme si elle espérait. Elle cherche une approbation quelque part, peut-être. Elle veut une opinion. Elle ne veut pas rester personne, pas à ses yeux. Pourquoi les siens ? Allan n'est que froideur et mort dans ses rétines. Moi-même, il ne m'a plus regardé comme un frère depuis des années. J'ai cessé de me battre. Pour moi, mais pas pour lui. La seule chose qui m'importe désormais, c'est qu'il aille mieux. Mais je n'attendrai plus qu'il me regarde comme un sauveur, comme avant. Je ne le serai plus jamais, son protecteur et son protégé. Comment Roxane peut-elle alors attendre ça de lui ?

« Ce n'est pas ce que je voulais dire. » Je la suis du regard, sans rien ajouter. Silencieusement elle prend sa veste, chuchote qu'elle devrait y aller, qu'elle n'aurait pas du venir. Je prends un coup, en pleine gueule. Je baisse les yeux, impuissant, contemplant ma propre bêtise. Je lui ai fait du mal, alors que je suis censé être celui qui l'en protège. Elle est offensée, vexée, par ma faute. Ma faute. « Je ne cherche pas un lot de compensation, pour remplacer Jim. Je ne suis pas Allan. J'essaye d'avancer en essayant d'oublier le passé, je sais qu'on est différents. Je ne viendrais plus lorsqu'il sera là. S'il faut que je demande à Isaac de m'avertir lorsque ce sera le cas, je le ferai. » Tout ce que j'ai pu lui dire, elle l'a mal interprété, à sa manière. Mais c'est aussi parce que je ne suis pas totalement sincère avec elle. Je ne lui dis pas combien je l'aime, combien ça me briserait de la voir avec lui. Je ne lui dis pas que je crois en elle, qu'elle est forte et n'a besoin d'aucune compensation. Je sais qu'elle a appris à se reconstruire, seule. Je sais qu'elle a bien mérité de retomber amoureuse, d'être aimée en retour. Je ne lui dis pas que je suis égoïste. « Tu n'as pas besoin de faire ça. » Mes paroles ne sont que chuchotements, mots impénétrables comme l'est mon âme. Je refuse de laisser tomber ce mur que j'ai eu tant de mal à préserver. Il me protège de tout, et surtout d'elle. J'ai mal au ventre. Une envie furieuse d'aller la serrer dans mes bras, une pulsion rageuse d'embrasser ses lèvres, lui dire combien elle compte pour moi, plus qu'elle ne le croit. Mais je ne le fais pas, mon corps refuse de bouger, mon esprit fait blocage et mes jambes sont paralysées. Je cherche péniblement à calmer mon souffle, mais une force me repousse. Je dois avoir l'air con. Nerveusement je gigote pour aller me prendre une clope, ressentant un lourd frisson me parcourir l'échine quand je la frôle en la contournant. J'allume la cigarette, les doigts tremblants. Je m'occupe la bouche, les mains, avant de retourner près de la fenêtre, le coeur battant. Si elle veut s'en aller, je ne la retiendrai pas. Elle est déjà devant la porte d'entrée. Nos regards confrontés, les pupilles dilatées, mon corps entier me démange. Mon coeur se soulève, puis retombe. Victime de tonneaux ahurissants et bourdonnants. « Je ne veux pas que tu souffres, et je sais que si tu me dis ça c'est parce que tu ne veux pas me voir souffrir. Ce qui me fait mal, malgré tout, c'est qu'on soit obligés de se blesser l'un l'autre pour essayer de se rendre heureux... parce que ça ne marche pas. » Plus aucun son, aucun mouvement. Mon sang reste en suspend, mon pouls a disparu. Elle a mis des mots sur ce que je ne voulais pas savoir, pas voir. Aucun de nous ne peut rendre heureux l'autre, à contrecourant, nous nageons. Cherchant à atteindre un bonheur que personne n'arrive à toucher. Pas tant que nous serons à deux, les mains jointes. Elle referme la porte, disparait de mon champ de vision. Soudainement je me sens lourd, pris d'un malaise incommensurable. Je voudrais la rejoindre, aller la chercher, mais tout m'en empêche. Je m'appuie sur le balcon, la regarde prendre son vélo et s'en aller, avant de laisser tomber mon front sur la rambarde. Je ne termine pas la cigarette, la jette simplement. Je me sens à la fois vidé et pourtant rempli de rage. J'aimerais qu'Allan soit là, qu'il me frappe en pleine face. Qu'il me hurle des mots qu'il avait l'habitude de prononcer au moment parfait où je devais les entendre. Il regonflait mes poumons, me rendait surpuissant. Il était là, bien vivant. Un soupir rauque m'échappe quand je referme la fenêtre de l'appartement. Je me dirige vers la porte d'entrée et la ferme à clé, perdant mon regard sur la poignée. Mes doigts se crispent, ne forment qu'un poing dont les veines ressortent. Je ne peux expliquer mon geste, si ce n'est que, peut-être, je vois cette porte représenter tous mes problèmes. Mon poing se fend dans l'air et vient la frapper férocement, s'y loger comme si ça allait tout arranger. En apparence, en surface, je m'en convainc. Je vais bien, ne t'en fais pas.


RP terminé
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