ui ne connait pas ce fameux miroir magique avec lequel, la Reine converse ? Beaucoup ayant déjà parcouru le château ont dû m'apercevoir là, le reflet fantomatique dans le verre avant de soudainement disparaître. Bon nombres de gens savent que j'existe, que je suis bien réel et que je suis comme un conseiller pour notre souveraine, et pourtant personne ne saurait dire ma provenance. Où a-t-elle bien pu me procurer alors que les autres sorcières du royaume n'ont même pas de glace enchantée ? Oui, elles ont aussi des potions, des chaudrons et des sortilèges. Et pourtant, pas de miroir possédé par une entité magique... C'est que tout simplement, je suis le seul et unique meuble existant de ce type là. Mais aussi et surtout, ce n'est pas le premier stupide marchand du coin qui me vendit à la reine. Je peux même affirmer que jadis, je fus même humain...

Une ombre parmi tant d'autres, grouillant pour s'atteler à la tâche. Un fils de deux parents paysans, condamné à faire la même chose. Menant la vie dure... Aussi maigre qu'un squelette ambulant et la face constamment sale par la boue et la terre. Néanmoins, malgré les souffrances que ma famille et moi endurions, il y avait une chose chez moi qui faisait que nous arrivions à nous en sortir correctement, comparé au reste du royaume. J'avais quelque chose d'unique chez moi ; un don à la fois de prémonition, mais aussi des capacités d'ubiquité, me permettant donc de savoir beaucoup de choses sur un certain périmètre, mais l'intérêt le plus grand restait encore de pouvoir récolter quelques sous en échange de mes entretiens afin que ma famille et moi puissions nous permettre d'avoir un peu plus de nourritures que le peu que l'on devait obtenir quotidiennement. Et les pitances étaient de plus en plus copieux plus les mois et les années passèrent tandis que les rumeurs sur moi augmentaient au cours du temps et que le nombre de clients me fréquentant ne cessait de croître, jusqu'à ce que les dires parviennent jusqu'aux oreilles de la Reine. Une joie immense pour moi alors qu'elle m'eut conviée au château bien que les habitants semblaient s'inquiéter pour ma personne. Il faut dire que depuis le début de son règne, elle ne faisait que de nous diriger avec une poigne de fer, faisant dominer la discorde. Mais je me suis mis à songer que je n'avais de toute façon pas le choix et qu'en plus, peut être que cela me permettra également de me rapprocher d'elle pour obtenir un meilleur poste. Et c'est ce qui se passa ; je devins donc son conseiller, rapportant les conséquences probables de ses choix sans jamais lui mentir. Devenant de plus en plus proche, il me sembla même ressentir parfois des sentiments alors que j'avais la sensation d'une certaine complicité, restant toujours à ses côtés durant mes séjours au château. J'étais un serviteur des plus comblé...

'eus également cru qu'elle aurait à tout jamais, une confiance sans limite envers moi. Que nous serions des amis proches, voir presque comme frère et sœur. Néanmoins, la Reine sembla jusqu'à se douter de moi, lorsqu'elle se retrouvait dans une période où tout le monde semblait la haïr. Même quelques gardes se retournaient contre leur propre maîtresse, paraissant tous possédé par une malédiction s'abattant sur le royaume. Pendant cette période, je sentis alors la peur grandissante de ma chère Reine qui était prête à arrêter qui que ce soit, pour qu'elle ne perde pas le contrôle, qu'importe s'il s'avérait finalement que ce même individu soit au final un innocent. Cette situation bien que gênante ne me détourna jamais de mon but premier, mais en percevant le malaise à travers mes prunelles par rapport au mal qu'elle commettait, elle se mit alors à penser que peut être, moi aussi je voulais me retirer de mes fonctions et la fuir rapidement. Je voulu la faire comprendre que ce n'était en rien mes désirs les plus profonds. Cependant, je ne pouvais dire que je ne la craignais pas, pliant l'échine à la moindre élocution d'ordre crié à la figure. Je n'avais plus cette sensation d'être son conseiller complice, mais un serviteur parmi tant d'autre. Et cela se confirma lorsqu'elle me fit prisonnier de ce miroir à l'aide d'un puissant sortilège, coincé dans cette toile de verre et à peine franchissable sauf si ma souveraine l'exigeait. toujours retenu néanmoins par la matière, me piégeant dans un voile d'or ressemblant à mes vêtements d'autrefois, outre le fait que cela puisse cacher totalement mon visage, donnant l'apparence d'un être magique, brisant mon humanité, mon identité. Jamais je ne me détournais de mes fonctions, malgré l'horrible malédiction qu'elle avait lancé contre ma personne, me réduisant à l'état de meuble, j'étais devenu son esclave le plus fidèle. Le premier à être victime de sa suprématie magique. Le premier à savoir de quoi notre Reine est capable de commettre. Et le premier également à avoir pactisé insouciamment. Aujourd'hui encore, je fais partis de ces personnes qui ont trouvé sa place à ses côtés. Il faut dire que je n'eus d'autre choix que de la suivre ; j'étais à elle et je n'avais pas mon mot à dire, je devais simplement subir.