« Hey Benny ! » « Arrête avec ce surnom, tu m’saoule. C’est ridicule ! » « Ca te va bien ! » « C’est ça, fout toit d’ma gueule ! » « Rhooo Bennouchais ! » « BEURK ! Là, t’es vraiment ridicule ! » « M’en fou, c’est ton surnom, pas le mien ! » « Rhaa ! La ferme frangin, tu m’fais chier. Bon, j’y vais ! » « Ouai a plus mioche ! » « Tchh » Ah, l’amour fraternel, c’est beau hein ? Benjamin à quatorze ans. L’âge rebelle. L’âge où on se dispute encore plus avec ses frères et ses sœurs qu’avant. L’âge où on veut commencer à sortir plus et plus longtemps avec ses potes. L’âge où les devoirs c’est chiant à faire et donc, on les fait plus tard. Le lendemain … ou pas du tout même. Ouai, voilà, c’est cet âge-là. L’âge tendre est terminé, maintenant, c’est l’âge tête de bois. Donc, Benjamin déteste le surnom Benny, il la toujours détesté et du coup, cela permet à ses quatre frères et sœurs de se moqué un peu de lui. Il n’était pas le plus jeune et il adorait les embêter, certes mais ce surnom … Dieu qu’il le détestait. Ce jour-là, il allait à son entraînement d’escalade en pleine nature, cela lui ferais sans doute un bien fou. Loin de sa bruyante famille pendant quelques heures !

« Yo Benji ! Ca va bien ? » « Yo ! Ouep et toi Nathan ? » « Ouai ! Aujourd’hui ça va être chaud, c’qu’on va escalader ! » « Ohhh, j’entends de la peur dans ta voix ? » « Crétin ! C’pas d’la peur, c’est juste que cette petite montagne ne se laisse pas escalader facilement ! » « C’est justement ça qui fait tout le charme de ce sport ! » « Tch, toute façon toi c’est tout physique, pas forcément intellectuel ! » « Oh hé hein, si un jour tu veux que je te fasse des vidanges gratos, tu ferais mieux de la mettre en veilleuse Monsieur-j’ai-la-tête-dans-les-étoiles ! » Et les deux amis éclatèrent de rire. Ils se connaissaient depuis longtemps, depuis presque toujours en fait et ils adoraient se chambrer l’un l’autre. Cela ne le changeait pas beaucoup de la maison sauf que Nathan, LUI, il ne hurlait pas de « BENNY !!!!! » toute la sainte journée ! Benjamin avait toujours adoré le sport (le handball, le volleyball et l’escalade étaient les sports qu’il pratiquait le plus) et la mécanique ainsi que la musique. Sa vie était plutôt bien rempli n’est-ce pas ?

Bref, toujours est-il qu’effectivement, la paroi sur laquelle ils montaient aujourd’hui n’était pas de tout repos. Heureusement qu’il n’y avait que des personnes expérimentés. Quand il redescendit du perchoir sur lequel il avait atterrit après moult effort, Benjamin semblait fatigué. Il s’étira de la pointe des pieds jusqu’à ses doigts. « Alors Benji, qui avait raison hein ? » « Les deux ». Nathan lui tira la langue et il ria doucement à ce geste. Quand il rentra chez lui, il prit une bonne douche et mangea comme quatre. Nathan avait raison mais, il avait voulu le taquiner et faire comme si de rien n’était. En fait, il était pas mal fatigué … et le lendemain il avait cours. La galère !

C’est à ses seize ans que le jeune homme eu son tout premier tatouage. Il décida de le faire sur son bras et se promit d’en faire au moins une fois par an. Il trouvait les tatouages beaux tandis que son entourage ne comprenait pas vraiment son engouement pour ces derniers. Enfin, tant qu’il n’avait pas de piercing, ça passait ! Les piercings, c’était pour les filles, pas pour les garçons. Benjamin haussait les épaules. Il préférait les dessins plutôt que les trucs qui brillaient sur lui. Cela lui allait mieux. Même sa petite-amie de l’époque le lui disait. Ben oui, car c’était le temps aussi où il commençait à sortir avec des filles. Il était plutôt populaire depuis toujours –grâce à son côté sociable, souriant mais aussi grâce à son physique !-.

Après avoir obtenu son CAP de mécanicien auto et moto, il travailla dans le garage où son père travaillait également. Il était doué dans ce qu’il faisait. Il bossait bien et les clients ne se plaignaient jamais de lui. Même s’il avait une attitude un peu rebelle devant tout le monde dans la vie privée, il savait tenir –un minimum- sa langue devant les clients. Il savait que s’il disait quelque chose ou faisait quelque chose de répréhensible, il se ferait licencié par son patron sans que ce dernier n’est aucun regret et surtout, ce dernier ne réfléchira pas à deux fois ! Il n’était qu’à moitié heureux. Il aimait sa Corse natal mais souhait voir du pays. Voyager. Avec quoi ? Il n’avait pas de voiture ni de moto … il n’avait même pas de permis. Il décida donc d’investir ses économies pour passer permis de moto. Le côté intellectuel de la chose, c’est-à-dire le code de la route le gonflait à bloc mais dès qu’il réussit à l’avoir, il passa à la pratique et là … franchement, c’était l’éclate totale ! Enfin, il pouvait faire de la moto, même s’il y avait un mec qui lui demandait de faire attention à tout bout de champ. Putain, mais quel emmerdeur celui-là ! Finalement, après plus d’un an de pratique, il réussit son permis de moto et, dès lors, décida de chercher une moto à son goût. Au début, il avait une petite bécane que son père lui avait donnée mais cela ne lui suffisait pas. Il voulait avoir une VRAIE moto et il aimait les vieilles motos.

Il demanda l’avis de ses amis(es) garagistes ou non, passionnés de moto ou pas. Il essayait de voir si quelqu’un ne pouvait pas connaître quelqu’un d’autre qui aurait une moto dans ce goût-là. Malheureusement pour lui, de ce côté, cela resta infructueux. Il tenta donc sa chance sur Internet, sur des forums spécialisés et après deux ans de recherches, il découvrit une Triumph Bonneville des années 60 et il craqua littéralement dessus. Elle était en mauvaise état mais pour un mécanicien et un passionné comme lui, rien n’était impossible. Il l’acheta donc et la reçu près d’un mois plus tard. Il avait 22 ans. On aurait dit un gamin devant ses cadeaux de Noël. Un gamin devant un magasin de bonbons. Il était fou de joie comme vous pouvez l’imaginer. Evidemment, il commença à la réparer petit à petit avec des pièces qu’il trouvait d’occasion. Cela lui prit plus longtemps que prévu mais, dès qu’elle fût terminée, la « Demoiselle » comme il la surnommait parfois était presque comme neuve. Il était fier de lui. Vraiment.

A 23 ans, il rencontra une jeune femme qui venait de Bastia, la ville près du village où il avait grandi et il tomba sous son charme. Sa voiture était tombée en panne et c’est lui qui là réparé. Evidemment, comme il n’était pas du tout timide, il l’invita à boire un verre et, de fil en aiguille, ils sont devenus amant. Benjamin était vraiment très amoureux d’elle mais son envie de voyager était de plus en plus forte. Il lui proposa plusieurs fois de voyager avec lui puisqu’il avait deux places sur sa Triumph en plus des bagages mais elle refusa. Elle ne pouvait pas tout abandonner. C’est à ses 26 ans qu’il décida de prendre le large. Elle le quitta et son cœur en fût briser mais il accepta et lui souhaita d’être heureuse. Il quitta son boulot, sa famille avec ses affaires en poche et commença par le tour de la Corse avant d’aller sur le continent. Les paysages qu’il découvrait, la vie qu’il menait, tout lui criait qu’il avait fait le bon choix. Il ne s’arrêtait jamais bien longtemps dans un endroit. Il se faisait quelques connaissances, avait quelques amours d’un soir et il repartait. C’était un fantôme, un homme qui passe.

Les années passèrent et il ne se lassait pas de ce style de vie. Il revenait parfois dans son village natale dire « Bonjour », passer quelques jours en famille mais, toujours il repartait. Et puis, finalement, il y a presque trois ans, alors qu’il se trouvait sur le littoral breton, il remarqua un petit village et il décida de s’y poser pour quelques jours. En plus, sa Triumph avait besoin d’une petite révision. L’endroit était sympathique et il trouva le garage automobile. Benji dit alors au garagiste tout ce que « sa belle dame » avait et l’homme comprit qu’il n’était pas qu’un simple voyageur. C’était également un mécanicien. Quelques jours passèrent et l’endroit où il était arrivé lui plaisait beaucoup. Taleville. C’était intéressant comme nom de village. Il ne savait pas pourquoi mais il avait envie de rester là. Il s’installa dans la ville, demanda au garagiste s’il avait besoin d’un mécano et, depuis, le voilà qui est à Taleville. Il rentre toujours dans sa Corse natale mais revient toujours dans cette petite ville. Pourquoi ? Il ne sait pas vraiment mais il a cette impression que cette ville fait partie de son destin. Et il ne peut pas aller contre son destin alors, il y reste bien volontiers. Et puis, il y a des personnes vraiment très chic. Hein mamie ?